Guillaume - Amen - G1- 26/10/2017

Jean-Louis va ce jour se transformer en homme orchestre : non seulement il va mener la randonnée mais il rédigera le soir même le texte de ce blog et me transmettra les photos à inclure.
Aujourd’hui 22 lève-tôt (sans s au pluriel pour les grammairiens) , sont partis à 6h45 de Boulouris pour aller à Guillaumes , approcher les gorges rouges du Daluis , vers l’ancien village d’Amen. Prononcez « amé».
Deux heures et demi plus tard, les voitures se retrouvent au Pont des Roberts.

Cette randonnée a été menée en 2001 et 2007 par Bruno et en 2011 par Jean, avec un sous second groupe conduit par Daniel et Jacky.
Jean- Louis présente la randonnée de 12,7 km et 670 m de dénivelée.


Nous empruntons l’ancien sentier muletier.

Ce chemin est resté l’unique débouché de la haute vallée du Var, avant que ne soit creusée la route carrossable tranchée à travers les gorges. Le dernier habitant a fait ses bagages pour rejoindre le chef-lieu (Guillaumes) au lendemain de la seconde guerre mondiale. Jusque là, un curé et un instituteur veillaient sur le destin d’une population voisine d’une centaine d’âmes.
La tradition dit qu’il y avait une mine d’or à Amen, les habitants auraient abandonné leur village pour acquérir (avec quels moyens ?) de superbes exploitations agricoles en Provence. Les géologues prudents n’indiquent que la possibilité de découvrir du cuivre. Les plus audacieux admettent pourtant qu’on ait pu y exploiter un filon de pyrite aurifère. D’autre part, des galeries ont été forées dans la falaise surplombant vertigineusement les gorges sur la rive gauche du Var, et le seul attrait du cuivre, même à l’état natif, n’explique pas ces tentatives désespérées. Seule l’attirance aveugle, déclenchée par la soif de l’or, permet de concevoir qu’un homme puisse se suspendre par un filin à 80m au-dessus du vide, pour creuser au pic un boyau dans la roche.
Mais rares sont les documents d’archives ou les bilans d’exploitation susceptibles de renseigner le chercheur, seule information évidente : le témoignage de quelques anciens.
Historiquement, il semble que tout ait débuté au XVIIIe siècle lorsqu’un paysan du village découvre un échantillon de minerai métallique à l’éclat jaune vif, qu’il descend porter au marquis de Villeneuve, seigneur de Daluis. Ce noble personnage s’intéresse à la recherche minière, avec l’ambition d’exploiter les multiples filons cuivreux répartis le long des gorges. Prudent, le marquis expédia le minerai découvert à Aix, pour y être identifié par un savant de l’époque. Confirmation sera donnée qu’il s’agit bien d’une pyrite à forte teneur en or. Le marquis de Villeneuve seigneur du lieu, obtint de Louis XV une concession à cet effet ». Cette information étant confirmée et on y voit quelques temps plus tard une excavation assez profonde au fond de laquelle des paysans intrépides se glissent quelquefois malgré le danger et en détachent des morceaux d’une pierre cuivreuse portant or. Un minéralogiste plus hardi encore dit qu’il s’était fait attacher avec des cordes pour descendre le long de la montagne, à l’embouchure de l’excavation pratiquée dans son sein, et qu’il avait retiré des échantillons d’un minerai semblable au précédent. Mais, la pente vertigineuse de cette montagne est si périlleuse et la pierre de la roche si dure qu’on a déclaré cette mine inexploitable ...
La présence de l’or est donc bien attestée, mais l’exploitation minière, rendue difficile par les moyens de l’époque, sera différée d’un siècle en attendant l’usage pratique des percements par explosifs. Au traité de Turin de 1760, la frontière est rectifiée et le territoire de Daluis détaché du Royaume de France, au profit de celui de Savoie-Piémont-Sardaigne (rendu) sans ralentir l’exploitation entreprise par le marquis de Villeneuve.
En 1802, le village accueillait 123 habitants. A la fin du 19ème siècle, l'exploitation non rentable fut abandonnée.

Le début de la montée est assez facile, à l'ombre des chênes pubescents. La seconde partie est déjà plus pentue et s'effectue dans une forêt de pins sylvestres. La "pause banane" est la bienvenue.

Nous reprenons la montée, encore un peu plus raide. Elle nous permet d'admirer le mont St. Honorat avec ses 2 550m.

Jean nous montre la vallée de Daluis qui s'étale aussi à nos pieds. La route qui monte au village de Villeplatte, le mal nommé, se dessine parfaitement sur les contreforts du mont St.Honorat où il a mené une randonnée.

Pour finir, un petit mot sur les "pélites", ces terres rouges que vous avez remarquées en remontant la Vallée de DALUIS. "C'est à la fin de l'ère primaire, il y a 50 millions d'années que sont nées ces terres rouges. L'érosion d'un massif cristallin très ancien, aujourd'hui disparu, a engendré le dépôt de vases fines mêlées de cendre volcaniques dans une plaine inondable.
Au cours de leur accumulation, ces sédiments se sont transformés en pélites. Leur couleur lie de vin résulte de l'oxydation du fer qu'elles contiennent. L'érosion a ensuite joué son rôle et certaines particules fines proviennent de l'Esterel (mais oui, il s'agit bien du nôtre) par l'intermédiaire de petits torrents qui, à l'époque, coulaient du sud vers le nord."

Jean en profite pour évoquer la légende qui a donné le nom du pont de l'ancien tramway que nous avons vu en gagnant Guillaumes : le pont de la mariée. "Au 19ème siècle, après une noce, les mariés sont allés faire une promenade sur ce pont. Le lendemain, la mariée fut retrouvée dans le lit de la rivière, morte. Accident, suicide ou meurtre, le mystère resta entier."

Nous arrivons au village abandonné. Encore une petite montée et nous découvrons les toits du village.
La beauté du paysage vaut bien une belle photo de groupe.

Nous observons une maison aux volets neufs en cours de restauration et finalement en vente.


Nous redescendons le mauvais côté et nous retrouvons devant l'église Notre Dame des Neiges avec des fresques bien conservées visibles de l’extérieur par la grille.


Il est à peine midi trop tôt pour le repas et nous abordons une descente très raide difficile vers la Clue due à la pente (A vol d'oiseau 700m avec une dénivelée de 250m) et à la nature du sol, glissant dans les zones de pélites ou bien caillouteux. Mais quel paysage !

Il est temps de d’arrêter pour le repas sur un monticule.



Une fois chacun rassasié nous poursuivons la descente dans cette terre rouge .Nous pouvons parfaitement observer les " mud-cracks" (plaques de boues fossilisées) et les "ripple-marks" (traces d'écoulement d'eau déposant de la boue ultérieurement fossilisée).

Attention à la glissade : une randonneuse est rattrapée in extremis par le serre file.
Nous arrivons à l’embranchement qui permet de descendre vers la Clue d’Amen, défilé encaissé au fond des gorges. Photo prise par Jean B, descendu dans la clue, toujours prêt à tout pour immortaliser nos randos.

De ce pont part une rando canyoning, pour les pros, dans la clue qui rejoint le Var un peu plus bas.

Nous remontons pour rejoindre le sentier qui suit les courbes de niveau et permet de superbes vues sur les falaises des gorges.


Nous retrouvons notre sentier de départ. Des paris sont effectués sur l’heure du retour au parking. C’est Daniel M qui gagnera : l’expérience !!.


Le pot traditionnel est pris face aux fortifications Vauban d’Entrevaux. A ce propos, cherchez l'erreur...

Vous avez trouvé? .... oui il fallait identifier les intrus...qui n'ont pas participé à la marche.... et pour cause, cette photo ayant été prises le 6 octobre 2011.
Merci à Jean-Louis pour cette belle randonnée et aux photographes, Dominique et Jean B.
La semaine prochaine, jeudi 02/11, pour le G1 :
Départ: 7H Joël 643-Le Mourre d'Agnis moyen*** 16,5 km Dh 650m
Sur les crêtes du Mourre d'Agnis, au pays des glacières. Panoramas exceptionnels sur la Ste Beaume, la Ste Victoire et les iles d'Hyères ; deux descentes raides et caillouteuses !!!
Après la rando visite du Musée de la Glace.
Parking : Mazaugues-parking du jeu de boules, 35 av de la République.