Lorsque Bruno GUERIN a réuni ses 15 marcheurs,
9 femmes et 6 hommes (Mesdames, vous avez encore fait très fort aujourd'hui, bravo !), sur le parking de l'école, de la Mairie et des pompiers du
Thinet, il faisait très beau. Allions nous avoir une rando sans pluie malgré des prévisions météorologiques plutôt inquiétantes?
Ou bien serait-ce "jamais deux sans
trois" après nos deux dernières odyssées très mouillées ? L'avenir nous le dira, pour le moment le temps est superbe, profitons–en pour parcourir ces 15 km avec 600 m de
dénivelée.
Au Tignet, ne cherchez pas un centre ancien.
Le village se compose seulement de villas, pavillons et lotissements modernes, coquets et pimpants, étalés à flanc de collines, dans la belle nature provençale de la région grassoise, oliviers,
cyprès et plantes aromatiques.
Le rêve de beaucoup serait d'y posséder une villa avec jardin, dans cette commune très ensoleillée, où l'air est pur et où les enfants sont
rois.
Ayant quitté le parking, très agité avec les mamans venant
accompagner leurs petits…avec de gros 4X4 entre autres, nous tentons, vers l'Est, de retrouver un lieu dit "Champignon" ce qui nous faisait faire un
petit détour mais comme c'était un curiosité, pourquoi pas. Hélas, pas possible de trouver ce sacré Champignon et Bruno renonce, nous remettant sur le chemin qui conduit à la Siagne. Nous
commençons par une descente assez raide avec des cailloux qui roulent ( on a déjà donné) et Françoise en sera la première victime. Dans le fond du vallon surmonté d'une belle falaise , l'ancienne
voie ferrée Grasse-Meyrargue a emprunté un parcours moins pentu que nous rejoignons
dans un passage étroit creusé dans le rocher, jusqu'à ce que son tracé s'arrête brusquement… à la rupture du
viaduc qui franchissait la rivière.
Construit en 1889, ce viaduc qui s'élevait à 72 m au-dessus de la Siagne a été détruit par les occupants en 1944. Cette ancienne voie, nous la connaissons bien pour l'avoir empruntée plusieurs
fois dont récemment sur le retour de Sillans la Cascade et il y a quelques années, juste en face de nous, sur l'autre rive de la Siagne .
Ne sautez pas, il ya 72 m...
Les premières immortelles commencent à fleurir (Hélichrysum italicum), si communes dans l'Esterel, à odeur d'herbe à Maggi ( non il n' y a pas de faute d'orthographe, ça sent vraiment le bouillon Kub
-cf Guide de la Flore Méditerranéenne). Le climat est ici plus humide et elles sont très grandes, mais l'odeur est bien là.
Obligés de repartir vers notre chemin d'origine, à moins de faire un grand saut dans le vide, nous abordons la descente quand Yvette va s'apercevoir qu'elle a oublié son bâton sur le viaduc. C'est Camille, toujours dévoué, qui va faire les quatre cent mètres pour le rechercher.
La Siagne est haute mais n'a pas
débordé et le chemin qui suit le courant est bien praticable. Bien ombragé aussi et nous allons ainsi descendre le fil de l'eau dans une forêt sombre et humide où vont pouvoir se développer de
magnifiques fougères.
La progression est facile, quelques petites barrières rocheuses coupent le chemin, mais sans comparaison avec ce que nous avons vécu au bord du Verdon l'année
passée.
Les échappées vers la rivière, à
travers la végétation de la rive ainsi que de certains points surélevés , nous permettent d'admirer quelques rapides et des zones de calme où l'eau miroite sous le soleil.
Oui, il fait toujours très beau et très chaud au soleil, heureusement la forêt très dense nous protège.
Nous arrivons au pont de Lignière où une passerelle métallique
nous permet une traversée facile, heureusement, car passer à gué aujourd'hui aurait été "sportif". Camille ayant perdu le cache-batterie de son caméscope retourne sur le chemin tandis que le
groupe en profite pour la pause "banane". Echec de Camille, il n'a rien retrouvé, mais le caméscope fonctionne, c'est l'essentiel.
Nous rejoignons la route qui nous conduit rapidement à la chapelle St Cassien.
A cet endroit, au Xe siècle
fut édifiée une forteresse hospice. Ce passage est fermement gardé car étant à la limite du fief d’Antibes. Un péage est instauré, source de revenus pour l’Abbaye de Lérins qui depuis 1030
détenait la majorité des chapelles des alentours. Elle était alors régie par un religieux ermite qui se chargeait de la ferme et du prieuré attenant.
Cette chapelle fut sûrement détruite et rebâtie au XVe siècle d’après l’architecture actuelle. En 1340, on ne compte qu’un prieur et un moine pour tout le domaine qui comprend la paroisse de Callian, la
seigneurie de la Colle-Narbonne, St Julien et St Cassien.
En 1625, l’hospice de St Cassien accueille toujours les pèlerins et voyageurs. Tanneron est encore une hameau de Callian.
Il n’y avait pas d’église à Tanneron au XVIIIe siècle, seule existait cette petite chapelle, mais délabrée et à l’abandon !
Tanneron se détache de Callian et devient la 8e commune du canton de Fayence en 1835. En 1905, lors de la séparation de l’église et de l’état, la chapelle devient bien de la commune et fut
restaurée en 1970.
cf : http://www.tanneron.fr/mairie/histoire.html#la_chapelle
Bien sur, cette chapelle , très isolée du village, est fermée. Ce qui la rend particulière est son "enfeu" complètement fermé et ses cloches apparentes. Dépassant la chapelle,
nous rejoignons un peu plus haut une tour carrée, bâtie sur l'emplacement où
s'élevait autrefois le « Castrum Tanaroni ». Ses parties les plus anciennes remontent à la fin du XIIe siècle. Cet ancien château fortifié a servi d’hospice et d’étape aux
voyageurs et aux pèlerins. Il y avait certainement à cet endroit un octroi, une sorte de péage, un droit de passage. Le Castrum Tanaroni est cité dès 1200, son étymologie possible viendrait de
« tan » (écorce de chêne et châtaignier) ou de la racine pré européenne « tan » (la montagne).
Nous avons de là, une très belle vue sur la Siagne qui s'enfonce dans
un goulet étroit.
Nous rejoignons le bord de la rivière pour remonter son cours sur l'autre
rive, dans une forêt moins dense que tout à l'heure. Chacun se réjouit de ce beau temps et de cette balade pratiquement plate agrémentée du bruit de la rivière. Nous repassons sous les vestiges
du viaduc et en face de nous à + 72 m, se détache dans le ciel bleu, les restes de la voie où nous étions il y a une heure à peine. Mais tous les plaisirs ont une fin et il faut maintenant
remonter sur la colline qui surplombe le lac de St Cassien. Traversant une zone déboisée où poussent une curieuse euphorbe dont la floraison a tourné au brun roux et des sumacs à perruque,
nous rejoignons le
tracé d'une future route empierrée par des débris de béton concassé , nouvelle technique pour sauvegarder les carrières. Parmi les autres fleurs nous rencontrerons en abondance des grandes
marguerites et des Anthémis mixtes (Chamaemelum mixtum).
Il va être l'heure du
pique-nique et Bruno choisit la forêt plutôt que le bord du lac car il fait maintenant très chaud et l'ombre manquera certainement près de l'eau. La place étant un peu restreinte, le groupe
s'installe en partie près du chemin , en partie un peu plus haut sur une petite plate-forme.
Bon apétit les charmantes !
L'ombre est effectivement la bienvenue bien que maintenant, quelques nuages, de temps en temps, commencent à obscurcir le ciel.
Lorsque nous repartons, il est complètement couvert. Nous sommes manifestement un peu trop bas, environ 20m de dénivelée et à 100 m de notre itinéraire mais dans la bonne direction, pas d'affolement. Après cependant quelques hésitations, nous retrouvons notre chemin et aboutissons au carrefour prévu. Et là, il se met à pleuvoir…Maudits, nous sommes maudits... et vraiment fâchés avec le ciel cette saison.
A l'abri d'un arbre, nous nous équipons et découvrons que Madeleine a enfilé une superbe cape, très hippy, blanche avec des petites fleurs. Aussitôt les questions fusent,
-Q : Où as-tu trouvé cela ?
-R : En Angleterre
-Q : Il faut m'en rapporter une, lors de ton prochain voyage .
-R : J'ai déjà beaucoup de demandes.
Cela nous a remis du baume au cœur et nous repartons, sous la pluie.
Trois charmants petits ânes étonnés vont nous regarder longer leur enclos. Nous aurons à enjamber ensuite deux fois une clôture, car les propriétaires de cette ferme-auberge ont "absorbé " le chemin. Mais ce n'est pas fini car un peu plus bas, le chemin est barré par un panneau à moitié replié "Propriété privée-passage interdit"…que nous contournons pour arriver, comme souvent, dans une cour avec une baraque, une vielle caravane, des vieilles voitures, un 4x4 tout neuf. Et, en prime, le propriétaire des lieux, pas aimable, et son chien (gentil le chien !)pas heureux de nous voir débarquer chez lui. Bruno va parlementer et nous passons, défilant devant l'homme des bois qui ne répondit point à nos salutations.
Ce n'est pas la première fois que nous rencontrons ce genre de problème et
on peut se poser des questions sur ces implantations…sauvages (?)et en tout cas polluant les chemins de notre région.
Nous rejoignons la route, puis la passerelle et nous entreprenons la remontée vers Le TIGNET, 170m de dénivelée. Il pleut toujours et l'orage gronde, de plus en plus proche. Nous atteignons une bifurcation avec un panneau indiquant "Val de Siagne-Tignet" (Ah! Les Alpes Maritimes et le précieux fléchage de son Conseil Général), mais la direction indiquée nous conduit à descendre, bizarre ! Le GPS de Jean-Marie indique qu'il faut partir à droite dans la montée, on le croit. Erreur ! Après avoir monté, on se retrouve dans un cul de sac et le point fait à partir des coordonnées indique que nous sommes trop au sud et à l'est.
Bruno décide de revenir au fameux panneau négligé tout à l'heure. L'orage est maintenant sur nous et quelques unes de nos compagnes n'en mènent pas large. Enfin ça y est le chemin qui descendait était le bon, il remontait très vite un peu plus loin. Le GPS a retrouvé sa trace et avec la pluie et l'orage, Bruno accélère la cadence.
Devant nous le ciel s'éclaircit, l'orage s'apaise, ainsi que la pluie. Nous
atteignons un petit plateau, à l'altitude du village, où un prunier à petits fruits jaunes, à peine mûrs, fera les délices du groupe. Le moral est revenu et on fait le bilan des dégâts… sur les
coiffures : entre la sueur et la pluie, le résultat est impressionnant. Quand je pense que, ce matin, nous faisions des compliments à Chantal pour sa coiffure ! Nous avons des photos, mais nous ne les
publierons pas. Nous les gardons en réserve pour les modèles, assez masos, qui nous les demanderaient, mais à elles seulement.
Fin de la rando, on replie les vêtements mouillés, certains se changent. Le soleil est revenu. Nous prendrons le pot habituel au pont de la Siagne parmi les cacatoès et autres mainates, avec un excellent gâteau au chocolat concocté par Dominique. Succulent, merci, tu peux recommencer quand tu voudras.
Merci Bruno, pour la troisième fois consécutive, nous aurons eu la pluie, mais ce n'est pas de ta faute et c'était une belle rando. Et, avec tout cela, nous avons fait au moins trois kilomètres et environ 70 m de dénivelée en plus.
Merci aux photographes Bruno GUERIN et Jean-Marie CHABANNE.
La semaine prochaine, Bruno GUERIN nous a préparé une balade à l'ile de Porquerolles, côté ouest.Encore quelques images (pour le plaisir) :

Non ce n'est pas l'Amazone vue d'avion mais la Siagne vue du haut du viaduc détruit.


Camille veille en fin de peloton.
Fin de sieste- Dominique va grogner quand Bruno donnera le signal de départ.

Bucolique
