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13 mai 2016 5 13 /05 /mai /2016 16:45
Trigance-Rougon-Trigance (83)

 

Au départ de Boulouris: 3 voitures ...12 randonneurs.

A l'arrivée à Trigance: 2 voitures ... 8 randonneurs ?

Victime d'une route fermée au sud de Châteaudouble, la troisième voiture et ses occupants ont retrouvé le reste des randonneurs après un détour non programmé au départ.

Nous n'étions que douze ce matin au départ, pas du tout effrayés ni par la météo, ni par la difficulté du parcours.

Il est vrai qu'un rapide coup d'oeil sur le ciel, n'incitait guère à l'optimisme avant le départ.

En un mot, en un seul, et sans faire de polémiques, l'élite des grandes jambes était présente.

Une fois la troupe réunie, Christian, notre guide du jour, nous fait les présentations d'usage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Nous allons parcourir environ 19 km, avec un dénivelé avoisinant les 1000 m. En fonction de la météo, on verra si on tente le passage par le village de Rougon ou si l'on suit la route jusqu'au pont de Carajuan."

 

 

 

 

 

 

Comme toujours la traversée de ces villages typiques du haut-Var, et Trigance ne fait pas exception à la règle, nous fait découvrir des décors magnifiques.

Tout un programme ...

Ci-dessous, un condensé de l'histoire de Trigance:

D'aussi loin que l'on remonte dans le temps, c'est au début du IXème siècle que le nom "Trigance" est cité pour la première fois.
Un polyptique, rédigé en 813-814 sur l'ordre de l'Evêque Wadalde, énumère les biens temporels de l'Abbaye Saint-Victor, qui appartient elle-même au diocèse de Marseille: parmi les 13 "Villae" mentionnées, figurent celle de "Tregentia" et celle de "Rovaganis" (aujourd'hui Rougon, village situé à quelques kilomètres de Trigance).
La "Villae Tregentia' compte 8 exploitations agricoles, 4 seulement étaient cultivées par des paysans, d'une condition proche de celle du serf; les terres incultes fournissaient des pâturages pour les troupeaux.

L'abbaye de Saint-Victor acquiert, en 1056, sous forme de dons, la Chapelle de Saint-Maymes, celle de Notre-Dame de Saint-Julien (commune actuelle de Trigance), ainsi que le prieuré de Bagarry (aujourd'hui commune du Bourguet).
A cette époque, et jusqu'au XVIIème siècle, les habitants des villae sont placés sous l'autorité d'une pléïade de seigneurs et se rassemblent sur des sites stratégiques. Ce regroupement autour du château seigneural est à l'origine de la plupart des villages fortifiés.
Au XIIème siècle, les Templiers possèdent la Commanderie de Saint-Maymes (Saint-Maïmes) qui leur sera confisquée en 1308 au moment de leur arrestation.
Une époque obscure et lacunaire nous fait faire un saut dans le temps, jusqu'en 1247, date à laquelle le fief appartient à Alasacie. Cette dernière, veuve du seigneur de Trigance (dont le nom demeure inconnu), possède également les seigneuries de Rougon, La Palud, La Martre, Brenon...
Le 16 janvier de l'année suivante, elle fait une donation de tous ses biens, sous réserve d'usufruit, à l'ordre de l'Hôpital.
Deux ans plus tard, en 1250, Romée de Villeuneuve, principal conseiller du comte de Provence Raymond Béranger V, inscrit dans son testament "Seigneur de Trigance".

Au début du XIVème siècle, Trigance est partagé entre coseigneurs dont notamment Fouquet III de Pontevès, conseiller du comte de Provence. Plus tard, à une date indéterminée, Jean 1er de Raimondis, dit le Gros, devient seigneur majeur de Trigance jusqu'au milieu du XVème siècle.
Claude de Demandolx participe aux guerres d'Italie, lors de la première invasion de la Provence, en 1524. Jean de Domandolx, son fils aîné, époux de Brigitte Claudine de Lascaris, succède à son père à la tête du fief de Trigance. Melchior de Demandolx, le fils aîné de Jean, devient le seigneur de Trigance après la mort de son père, à une date indéterminée. Son fils François, lui succèdera en 1623.
Claude et Barthélémy de Demandolx régneront tour à tour jusqu'en 1704, date à laquelle, par son mariage avec Anne-Marie de Demandolx, fille de Barthélémy de Demandolx et de Marguerite Delphine de Vento, Cosme Maximilien de Valbelle deviendra seigneur de Trigance.
Marguerite Delphine de Valbelle hérite du fief à la mort de son père, en 1743. Marguerite Delphine Alphonsine de Valbelle, sa fille, hérite à son tour de la seigneurie de Trigance, avec son époux Antoine Henri de Majastres, en 1783. Ils conserveront la seigneurie avec leurs autres fiefs jusqu'en 1789, à l'heure de la Révolution Française.
Le président des Etats de Provence convoque l'assemblée du Tiers-Etat en session extraordinaire au mois de mai 1788, à Lambesc, afin de délibérer des "Affaires d'Etat". Le conseil de Trigance propose alors d'élire le député de la viguerie de Draguignan pour le représenter à cette assemblée.
Dans tout le royaume, on réclame la convocation des Etats Généraux. Face à l'égoïsme et à l'incompréhension des privilégiés, les revendications locales se changent en aspirations nationales.
Lorsque le 2 Août 1789, les privilèges sont abolis, le conseil de Trigance, évoquant ce "beau jour qui établit la liberté" décide de faire chanter un Te Deum dans l'église paroissiale pour manifester la joie publique.

A la sortie du village, un bouquet de lilas nous ouvre le chemin.

Pendant que nos amis bovidés terminent leur petit-déjeuner, les choses sérieuses commencent.

Jean-Claude, dont la tâche sera facilitée aujourd'hui, vu la faible participation, endosse la fonction de serre-file.

Le plafond est bas. Le sentier est humide. Une éclaircie et tout à coup un arc en ciel s'offre à nos yeux droit devant. Malheureusement, cet épisode sera de courte durée.

Malgré une météo capricieuse, la montée se fait sur un bon sentier entouré de genêts et de touffes de thym en fleur.

Christian nous indique que nous empruntons à cet instant le GR 49,  dont le tracé serpente à travers le Var et les Alpes de Haute-Provence de Saint Raphaël à Rougon via Fréjus, Montauroux, Tourrettes (Fayence), Mons, La Bastide, Jabron (Comps-sur-Artuby) et Trigance.

Béatrice nous propose de rentrer à Saint Raphaël par ce chemin. Chiche ...(99,65 km, dénivelé cumulé 4207 m, rien que ça).

Et ça mouche, et ça grimace. Mais oui, nous sommes bien au mois de Mai!!!

Nous nous retrouvons dans une épaisse couche nuageuse qui à la longue finit par tremper légèrement nos vêtements.

La pause "banane" est pour une fois pleinement appréciée. Dommage le vin chaud est absent.

Au choix: avec chapeau ...

Ou sans chapeau.

Le dress code du jour était le rouge semble-t-il.

Dans la descente, ces deux-là tentent une échappée solitaire, mais ils seront vite repris par le reste du peloton.

Au cours d'une longue descente qui doit nous amener sur les rives du Verdon, nous commençons à apercevoir les premières falaises de ces fameuses gorges qui attirent tant de visiteurs à la belle saison.

 

Témoin d'une humidité quasi permanente au fond de ces gorges peu ensoleillées, la mousse abondante pousse facilement sur les troncs des arbres et sur les pierres.

Nous approchons du Verdon. Du bas du vallon où nous nous trouvons, remonte le doux bruit de l'eau coulant sur les cailloux du lit de la rivière.

Nous y sommes. Le pont du Tusset magnifique, s'offre à nos yeux.

Et au milieu coule le Verdon ...

La rivière Verdon est l’une des plus belle rivière de France.
Le Verdon prend sa source à 2200 m d’altitude, aux environs du Col d’Allos, dévale les quelques 180 km de pente jusqu’à Vinon où il rejoint la Durance.

 

Nous profitons de ce décor naturel pour faire la photo de groupe.

12 H 30'. L'heure du pique-nique a sonné. La météo toujours aussi maussade, a pour conséquence que ce repas est avalé à toute vitesse. Du café chaud offert par Brigitte, Monique et Jean-Claude réchauffe un peu les corps.

 

Rapidement nous reprenons nos sacs à dos et prenons la direction de Rougon.

 

Après avoir emprunté la route départementale D952 menant à Castellane, nous prenons en direction du lieu dit "Point sublime". Le Point Sublime est un des points de vue les plus beaux sur les Gorges du Verdon. D'ici le Verdon apparait tout petit, tant ces gorges sont profondes (200 à 700 m).

Le groupe prend la pose en ce lieu unique.

Tout au fond, le petit bout de plage où nous avons pique-niqué ce midi.


Le «  Grand Canyon du Verdon » est identifié comme l’un des plus remarquables sites d’Europe.

Après concertation avec notre animateur, nous décidons de raccourcir notre randonnée en évitant la remontée sur le village de Rougon, car la météo est toujours menaçante. Nous reprenons donc la départementale D952 sur quelques hectomètres en direction de Castellane.

Tiens donc, le Jean-Louis que nous connaissons tous, aurait-il repris une nouvelle activité?

 

Le pont du Tusset sous un autre angle.

 

Alain nostalgique, se souvient de son enfance!!!

Depuis cette route départementale, les paysages sont tout aussi superbes.

A plusieurs reprises nous sommes survolés par des vautours.

Depuis 1999, le Vautour fauve vole à nouveau au dessus des Gorges du Verdon. Le résultat du pari fou d'une poignée de passionnés de la nature et des oiseaux. Disparu de Provence depuis plus d'un siècle, le magnifique planeur retrouve sa place au sein d'un écosystème montagnard encore bien préservé. La LPO PACA est heureuse de vous accueillir au belvédère de Rougon, site dédié à l'observation des vautours ainsi qu'à la connaissance et à la conservation de l'un des fleurons de notre faune méditerranéenne.

Dans ce terrain de jeu immense,  ces rapaces doivent se sentir vraiment à l'aise.

Nous quittons la D952 au pont de Carajuan.

Un pont serait attesté en ce lieu en 1655. Figuré par la carte militaire de 1764-1765, ce pont comportait deux arches, comme en témoignent les vestiges visibles à la base des culées du pont actuel. En octobre 1886, la plus petite de ces deux arches, côté rive gauche, a été emportée par une crue. Un premier projet de réparation a été mis sur pieds l'année suivante. Il prévoyait que l'arche reconstruite aurait 10 m d'ouverture. Le pont a finalement été reconstruit selon un plan différent, qu'il n'a pas été possible de dater avec précision. La faible largeur du pont et la présence de l'avant-bec montrent que le pont actuel est bien une reconstruction à partir du pont ancien et pas une construction ex nihilo.

Un coin de ciel bleu et un rayon de soleil font leur apparition. La plupart des randonneurs se débarrassent enfin de leurs k-ways ou polaires.

Un peu plus loin, Christian nous propose de quitter le sentier menant à Trigance pour nous faire découvrir un nouveau pont de pierre : le pont de Sautet. Encore une fois nous ne regrettons pas d'avoir fait le détour.

Mais à qui appartiennent ces deux jambes pendues dans le vide?

Mais bien sûr!!! Ce sont celles d'André. Même pas peur.

Il a probablement un parachute dans son sac à dos.

Aprés avoir à nouveau essuyé quelques gouttes de pluie, nous entrons dans le village de Trigance dominé par son château, aujourd'hui transformé en hôtel-restaurant.

Pour les passionnés d'histoire, voici celle de ce château:

        

Ancienne forteresse de  méditation bâtie par les Moines de l'Abbaye de Saint Victor de Marseille au IXième siècle, on ne trouve trace de la seigneurie de Trigance qu'à partir du XIIIième siècle. Elle fut occupée par la famille des Ponteves, très puissante jusqu'à la disparition de la branche aînée en 1230, puis par Romee, seigneur de Villeneuve, qui prétendait descendre des Comtes de Barcelone.

Mais l'obscurité plane sur la naissance de la famille qui a le plus contribué à la genèse de la formation de la seigneurie de Trigance : celle des Raimond de Provence, personnifiée dans la seconde moitié du XIVième siècle, par Jean de Raimond, dit 'Le Gros' ainsi que sur le lien qui le rattachait au dernier possesseur de Trigance.

On sait que ce personnage, d'origine italienne, vint en France, en Provence, à la tête d'une troupe guerrière qui avait généreusement servi les intérêts de la Reine Jeanne, et que, par lettres patentes du 16 Mars 1381, cette princesse inféoda en sa faveur la terre et la seigneurie d'Eoux et les terres de Trigance.

Jean de Raimond fut père de trois enfants :

Etienne de Raimond d'Eoux, devenu 'Raymondis' à partir de 1519, qui eut à son tour quatre enfants : Elzear se maria à Louise de Castellane et eut un fils Jean qui continua la lignée des Raymondis d'Eoux. Pierre, Chevalier de l'ordre de Malte finît Grand Maître de son ordre par la protection du Roi de France, François Ier, en 1544.

Les deux filles qui suivaient Etienne furent l'une et l'autre 'Dames de Trigance'. Par leur double mariage avec deux frères de Demandolx, les deux seigneuries se trouvèrent transférées dans la maison des seigneurs de Demandolx. L'époux de la cadette, Eyres de Demandolx, devint le premier Seigneur de Trigance.

La seigneurie de Trigance dont les armes portent 'D'or à trois fasces de sable au chef de gueules chargé d'une main droite appaumée d'argent' fut une des familles provençales qui donna le plus de chevaliers à l'ordre de Malte.

La seigneurie se termina, pour les enfants mâles, à Bartelemi de Demandolx, seigneur de Trigance. D'abord Chevalier de Malte, il quitta la croix pour épouser Marguerite Delphine de Vento et eut une fille, Anne-Marie de Demandolx, 'Dame de Trigance', mariée à Cosme Maximilien de Valbelle, Comte de S.Tulle, Marquis de Treuves, président à Mortier au parlement de Provence.

Le château fut détruit à la révolution, toutes les archives brûlées. Il servit longtemps de carrière de pierres aux habitants du village, quand en 1961, un homme, Monsieur Hartmann, tomba amoureux de ce vieux château en ruines et décida avec son épouse de lui redonner vie.

Dix ans plus tard, un autre couple Monsieur et Madame Thomas furent séduits à leur tour et continuèrent l'oeuvre entreprise, elle est aujourd'hui poursuivie par leurs enfants.

 

Et comme à l'accoutumée, nous nous installons sur cette petite terrasse de café pour partager le pot de l'amitié. Auparavant la plupart des randonneurs auront fait provisions dans la boulangerie avoisinante, de produits locaux: pain au levain, navettes, miel de pays...

 

 

On remercie Christian pour cette SUBLIME (point) randonnée.

Les photos sont d'André et Gilbert.

 

Pour autant n'oubliez pas votre rando de jeudi prochain :

Jeudi 19/05 à 7h00 : ROURE (06). Balcons de la Vionène. L : 14km787. Dh : 553m. Moyen médio. JL Levavasseur   

Départ de la rando : Parking du terrain de sport au dessus du village de ROURE.                                    Coût du trajet AR : 78 €

 

Du bonus pour le plaisir des yeux.

 

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