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1 juin 2019 6 01 /06 /juin /2019 16:36

2019-05-30 - 521-2 - SAINT VALLIER-LA COLETTE - G1

 

Sur le parking du Souterroscope de Saint Vallier de Thiey, nous sommes 24 randonneurs, pour découvrir ou redécouvrir le patrimoine de cette région, avec un soleil et une température fort agréables.

Notre animateur, Jack, donne le ton et nous présente le tracé de sa randonnée sur une carte de Cassini.

«  C’est en 1747, que Louis XV demande à Cassini de Thury, de l'Académie royale des Sciences, déjà chargé d'établir des cartes locales autour des champs de batailles, de lever la carte de son royaume.  Ce sera le point de départ de l'établissement des cartes individuelles : des «ingénieurs»  placés à  dix mille toises les uns des autres », soit environ 20 km vont commencer à  balayer le terrain en enquêtant, observant et relevant par triangulations les « détails ». En 1756,  seules deux cartes particulières seront terminées, celle de Paris et celle de Beauvais. Mais la Guerre de 7 ans a épuisé les finances de l’état et Cassini de Thury fonde alors une société de cinquante associés (dont la marquise de Pompadour) afin de rassembler les fonds nécessaires pour poursuivre les levés de la carte… Plus tard, l'association des cinquante sera remplacée par des souscripteurs qui seront au nombre de 203 en 1780. Après la mort de Cassini de Thury, c’est  son fils Jean Dominique qui poursuivra le travail … En 1793, la France est en guerre et la carte de Cassini (165 feuilles imprimées, 16 en cours d’achèvement) est, sur ordre de la Convention, confisquée et transférée vers le Dépôt de la Guerre. Le travail sera poursuivi et complété sous les ordres de géographes militaires et il est  considéré que l'œuvre des Cassini est terminée en 1818.»

Puis la présentation de la randonnée est faite sur une carte IGN. Jack nous indique  que les 4 premiers km constituent  un faux plat, avec un petit accident plus impressionnant que difficile. Puis, tout comme les soldats de Napoléon après le retour de l’île d’Elbe, nous nous dirigerons vers Escragnolles  par le sentier des gorges de la Siagne. Il nous rassure, nous ne ferons pas les 57 km (Cannes-Seranon) que la troupe a faits le 2 mars 1815, mais uniquement 17 km et 750 m de dénivelée.

 

Patrick est notre serre-file et Jack lui remet donc la carte et le tracé du jour.

Dès le départ, plein Ouest, nous prenons conscience du  paysage karstique, avec les dalles calcaires plus ou moins fissurées et la présence de grottes.

Après un virage au Nord pour emprunter le GR 510 et un petit passage en forêt, nous découvrons le plateau calcaire qui sera le fil rouge de notre journée.

En effet, l'unité géologique de Saint Vallier de Thiey - Saint Cezaire commence sa formation  vers -200 Millions d’années, alors que la région  se situe alors sous le niveau de la mer. Pendant 100 à 150 millions d'années des sédiments s’accumulent sur le fond. Sous l'effet du poids (métamorphisme) , les vases et les boues se transforment en roches sédimentaires calcaires. De -65 à -2 Millions d’années, l’eau se retire progressivement , la plaque africaine, entre en collision avec l'Europe et toutes les principales chaînes de montagnes se forment. (Pyrénées, Alpes, ...). Les couches géologique sédimentaires plus « tendres » remontent, se plissent, sont cassées par des failles et peuvent se chevaucher en formant des « écailles ».

C'est ainsi que se sont formés l'Audibergue (au fond de la photo ci-dessous) et la montagne de Thiey (à droite de la même photo).

Nous arrivons au « petit accident » à passer : de la station d’aspiration nous descendons jusqu’à la passerelle avant de remonter  de l’autre côté du vallon

La descente est caillouteuse et la remontée pierreuse, ce qui ne fait pas perdre son sourire à Patrick.

 

L’eau ici est un enjeu important qui a été détecté, organisé et développé par le Docteur Belletrud, natif de Cabris, maire de ce bourg à partir de 1911, puis Conseiller Général à partir de 1922. « Si le Docteur Belletrud fut un médecin toujours à la recherche d’améliorations des traitements à proposer à ses malades, il fut aussi un administrateur visionnaire. Il s’est dépensé sans compter pour que Cabris, et le canton de Saint-Vallier, entrent dans la modernité d’abord avec l’électricité en 1921 puis avec l’alimentation en eau sachant,  oh combien,  que … Cabris est le "pays de la soif".  Il sera  le précurseur de la Communauté de Communes en  imaginant un canal d’irrigation allant de la source de la Pare jusqu’à Cabris et desservant les communes de Peymeinade, Le Tignet, Spéracèdes, Saint-Cézaire et Cabris : travail titanesque ! Projet trop coûteux, utopique ! qui mettra plus de 20 ans à être réalisé ».
Aujourd’hui la Régie des Eaux du Canal Belletrud distribue l’eau à 10500 foyers et Jack présente la carte d’organisation du réseau avec ses prises d’eau, ses stations de traitement et ses réservoirs.

Notre ballade se poursuit tranquillement, le long du canal, en sous-bois et avec quelques courts passages « via ferrata ».

 

Une belle vue sur l'Audibergue qui surplombe la source de la Siagne d'Escragnolles.

 

Nous descendons à la Chapelle Saint Jean-Baptiste, cachée dans une clairière, pour une pause banane bucolique, au son de la Siagne qui gronde,  juste en dessous, à l’à-pic des rochers.

« Il semble que la chapelle fut édifiée en 1669 sur les vestiges de l’ancienne église de la Motte, à l’occasion d’un vœu formulé pour préserver Saint Vallier de la peste. A l’unique travée de la Chapelle fut adjoint en 1882 un « pavillon ou le devant de la chapelle » soit un porche couvert. » La chapelle possède un tableau représentant St Matthieu, St Jean et St Marc.

Nous passons le Vieux Pont qui enjambe la Siagne. « C’est en 1736 qu’apparait un premier devis de construction du pont Saint Jean qui traverse la Siagne. Il sera détruit dans la nuit du 24 au 25 novembre 1911, à la suite de pluies torrentielles et reconstruit en 1931 »

La Siagne

Et voilà, nous  y sommes, sur ce  même chemin escarpé pris bien avant nous par l’Empereur, ses soldats et son trésor constitué  de deux cent millions d’or en pièces jaunes transportés à dos de mulets.

Le chemin est assez régulièrement bordé, côté ravin de pierres dressées verticalement, qui faisaient office  de chasse-roues.

Un groupe court en tête et le reste de la colonne s’étire gentiment, profitant du paysage.

Après 3/4 d’heure elle arrive à la balise 91. Jack continue de narrer l’avancée de la troupe napoléonienne  «ici, le chemin présente des à-pics. Un mulet glissa et tomba dans le ravin avec un coffre chargé de pièces d’or. Toujours harcelé par la nécessité de ne pas traîner en route, les hommes ne prennent pas le temps de récupérer le chargement tombé dans un endroit difficile d’accès. Un paysan récupérera le contenu et deviendra l’un des principaux propriétaires de la région ».

Plus loin, en nous retournant, nous découvrons l'Estérel et le Mont Vinaigre.

Au virage suivant, nous nous arrêtons pour observer le panorama, quelque peu voilé, de l'Esterel à Saint Tropez.

Nous arrivons ensuite rapidement à la chapelle Saint Martin : « Construite au XVIe siècle et remaniée au XVIIIe, cette petite église est dotée d'un double clocheton. Ancien site religieux du castrum d'Escajola, l'église reste paroissiale jusqu'en 1612 bien que l'évêque de Fréjus en ait reconnu officiellement son mauvais état dès 1546. »

Nous profitons de cette pause récupérative pour faire la photo du groupe.

Nous poursuivons notre montée, avec à  notre droite le hameau de Baïl : C’est l’un des premiers hameaux d’Escragnolles (XVIème s.) sur les douze que compte le village.

Nous arrivons à La Colette, un autre hameau datant également au XVI siècle et qui, à cette époque était constitué de deux maisons. Le lotissement actuel a été construit en 1970.

C’est sur un lapiez de la forêt de Briasq que nous nous installons pour la pause repas. Notre animateur nous délecte d’un bon rosé bien frais.

Après avoir dégusté notre café gourmand, nous remettons nos sacs sur le dos et reprenons notre marche.

La première partie de notre descente est facile, sur une belle piste qui permet de bavarder et d’apprécier à nouveau les panoramas sur l’Estérel, Saint Raphaël - Fréjus et la côte jusqu’aux caps de Saint Tropez.

Les plantes de rocailles font pâlir d’envie les randonneuses.

Nous traversons un pierrier impressionnant.

Nous quittons la piste pour nous engager sur une petite sente qui descend plus raide avant de s’enfoncer  en sous-bois de chênes verts.

 

Nous passons à côté des ruines de Rouyère et rejoignons  le GR monté ce matin, à la balise 84. Nous atteignons le sentier botanique bien à l’abandon et après un petit passage en hors piste nous rejoignons le parking.

Le pot traditionnel est pris au bar de Souterroscope.

Cinq randonneurs profiteront de la visite très intéressante de la Grotte Obscure, déjà commentée par Rolande dans son blog du 8 novembre.

Merci Jack pour cette belle randonnée et pour tes explications précises qui nous ont permis de découvrir les différents points d’intérêt de cette journée.

Merci aux photographes Brigitte, Claude C., Dominique , Marie-Christine et Gilbert.

La semaine prochaine : jeudi 6 juin :

 

 

En bonus, quelques photographies prises à la Grotte Obscure

Stalacmite
Lapiez en voûte

 

 

 

Stalactites et draperies

 

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