Lac de Saint Cassien - Nord
Aujourd’hui Jean Borel nous emmène à deux pas de chez nous. Nous allons découvrir la partie Nord du Lac de Saint Cassien, la moins connue, « aux accès plus rares et très confidentiels ».
Nous voici 20 randonneurs sur le parking situé juste après le pont de Pré Ciaou qui enjambe le lac de St Cassien. Le thermomètre marque – 7 ° ! Et dire que l’hiver n’est pas commencé. Ca promet ! Nous sommes tous bien emmitouflés. Personne aujourd’hui n’a oublié ses gants, bonnets, polaires et anoraks. Nous prenons juste le temps d’une photo de groupe sur fond de lac dans la brume. Et sans tarder, nous empruntons un sentier qui se dirige vers le nord du lac. Nous traversons un bois de chênes, chênes-lièges et pins. Il nous masque le lac. Dommage, nous aurions pu admirer le lever du soleil sur le lac. Le sol est gelé. Nous aussi ! Et nous marchons à vive allure pour nous réchauffer.
Après quelques minutes d’échauffement, Jean fait une halte et nous présente le profil de la rando. « Nous sommes partis de 147 m d’altitude. Nous allons continuer cette petite montée sur 100 m, jusqu’au village du Magnanon. Ensuite on suivra l’ancienne voie ferrée jusqu’à un ancien viaduc. Puis on descendra jusqu’aux Gorges de la Siagne, à 67 m. Après, ce sera la seule difficulté de la journée, nous monterons au village de Belluny, à 306 m. Puis on redescendra sur les bords du lac. En résumé : une petite montée, une petite descente et beaucoup de faux plats ! ». Au total ce sera quand même une rando de 18 km et 520 m de dénivelé.
Nous reprenons notre grimpette. Nous ne tardons pas à atteindre le lieu-dit Le Magnanon (alt. 246 m). « On vient de terminer la première petite montée » nous dit Jean. « A présent c’est un faux plat ». Jean nous propose alors une pause technique. « Il fait trop froid ! » lui répondent certaines. « Vous ne savez pas ce que vous voulez. Vous n’êtes jamais contentes ! » rétorque Jean. La pause est terminée. Nous poursuivons notre route. Voici deux géomètres en plein travail. Alors que le groupe continue à avancer, Jean s’arrête pour tailler une bavette avec ses collègues. De quoi parlent-ils ? D’équipement de géomètres. Nous arrivons à présent sur l’ancienne voie ferrée. Par endroits le sol est boueux. Boueux mais gelé. « Comme ça on ne se salit pas les pieds » observe justement Bruno. Nous passons à côté de tas de cailloux. Serait-il question de restaurer la voie ferrée ? Après la boue, voici quelques flaques bien gelées, elles aussi. Marinette tente une glissade et se rattrape à temps. Le bon exemple étant toujours suivi, d’autres tenteront de l’imiter. Sans casse, heureusement !
Nous arrivons au viaduc, où plutôt à ce qu’il en reste. Jean nous explique : « L’ancienne voie ferrée Grasse – Meyrargues franchissait la Siagne à cet endroit. Grâce à un viaduc de 300 m de long et de 72 m de haut. Sa construction date de 1889. C’est Gustave Eiffel qui en dessina les plans. Le viaduc fut détruit le 24 avril 1944, lors de la retraite des troupes allemandes ». Nous nous installons sur la pile du viaduc pour reprendre quelques forces. Il est près de 10 heures et c’est l’heure de la pause casse-croûte. Où l’on voit les amateurs de bananes croquer leurs bananes congelées. Bien revigorés par notre casse-croûte, nous voici prêts à attaquer la « petite descente » vers la Siagne. Mais la petite descente s’avère plutôt raide. Et agrémentée de cailloux et de feuilles mortes bien glissantes. Qu’importe ! Nous finissons par atteindre la Siagne. Nous voici juste au pied de la pile du viaduc. Elle porte la date de sa construction : 1889. A présent notre sentier longe la Siagne. L’eau de la rivière nous procure un peu de fraîcheur. Qui serait appréciable s’il ne faisait déjà si froid. Nous marchons dans les sous-bois, accompagnés du chant de la rivière.
Après quelques minutes de marche sur ce sentier agréable, nous atteignons la Chapelle St Cassien-des-Bois. Cette chapelle du 12ème siècle appartient à la commune de Tanneron. Elle a été restaurée en 1970. Certains d’entre nous vont admirer la vue sur la vallée de la Siagne, du haut de la tour carrée de St Cassien-des-Bois (ancien château fortifié, qui servit d’hospice et d’étape aux voyageurs et aux pèlerins). Les autres restent sagement groupés autour de Jean qui nous dit tout sur le lac et le barrage de St Cassien : « Le lac de St Cassien s’inscrit dans un paysage boisé où le vert des pins et des chênes est égayé en hiver par l’or des mimosas. Le lac est alimenté essentiellement par les eaux de la Siagne, captées par la prise d’eau de Montauroux. C’est en 1962 qu'EDF commence l'énorme chantier du barrage de Saint Cassien. Suite à la rupture, 3 ans plus tôt, du barrage de Malpasset. Aménagé sur le cours du Biançon, affluent de la Siagne, cet immense plan d’eau de 4,3 km2 a deux vocations : irriguer les cultures maraîchères du littoral et alimenter l’usine hydroélectrique d’EDF. Il sert également de barrage « écrêteur de crues » et au ravitaillement des canadairs en cas d’incendie ».
« Maintenant on va attaquer la partie la plus difficile : une demi-heure de montée » nous prévient Jean. Mais avant l’ascension finale, nous allons faire un bout de route. « Marchez en file indienne ! » s’écrie Bruno. En effet la route n’est pas large et les voitures roulent vite. Quelques minutes plus tard nous quittons la route pour un sentier. « Ceux qui le veulent peuvent se dévêtir ! » annonce Jean. Autrement dit, ça va grimper ! Chacun fait comme il l’entend. Les moins frileux retirent une couche ou deux. Et nous attaquons la montée. En effet la côte est raide. Le sentier grimpe en zigzagant. Sur notre gauche, nous apercevons Tanneron, le pays du mimosa. Et derrière nous, c’est le village de Cabris. Jean s’arrête un instant. Il cherche sa boussole. Aurait-il perdu le Nord ? Un peu plus loin, Jean dit à Daniel (Daniel M.) : « Tiens ! C’est ici que nous avons bu une bouteille de vin blanc. Tu te souviens, c’était en 2005 - très exactement le 10 février. Nous étions 22. Et il faisait très chaud ! » (D’où la bouteille de vin blanc, sans doute). Quelle mémoire, mais quelle mémoire !
« On a fait les 2/3 de la montée ! » Courage, donc ! Comme souvent, c’est le dernier tiers qui paraît le plus long. Nous passons près d’une plantation de jeunes eucalyptus. « On s’en sert pour décorer les bouquets » nous dit Bruno. Enfin nous arrivons au village de Belluny, point culminant de la journée. Nous sommes accueillis par une douce brise. Douce et glaciale ! Heureusement à la sortie du village, un rayon de soleil nous réchauffe un peu. Nous passons sans nous attarder devant « l’écrin d’oliveraies » dont nous a parlé Jean. Et nous attaquons la descente sur un chemin bien caillouteux. Nous commençons à apercevoir le lac tout en bas. Puis notre sentier nous conduit à travers bois jusqu’au bord du lac. Juste en face du barrage de Saint Cassien. Nous nous dirigeons à présent vers le nord, en longeant le lac. Au détour du chemin apparaissent des ruines. « ça s’appelle la Grange Vieille » nous dit Jean. Il est midi passé. Nous commençons à avoir faim. Il serait temps de trouver un lieu de pique-nique. Mais ici nous sommes à l’ombre et Jean voudrait nous trouver une place au soleil. « On va passer au-dessus du captage de la Siagne. C’est un passage un peu délicat. Je ne vous en avais pas parlé ». Pour ne pas nous effrayer sans doute. Mais nous en avons vu d’autres. Et nous franchissons allègrement cette petite difficulté.
Nous poursuivons notre chemin. Sans trouver le lieu de pique-nique idéal. « J’ai été piégé par la montée des eaux » nous dit Jean. « Quand le lac est moins haut, on peut s’installer sur le bord ». Enfin, un peu plus loin, voici un emplacement qui fera l’affaire : une petite plage orientée plein sud. Nous nous installons sur le sable ou sur l’herbe. Une barque est arrimée sur la plage. Bruno, tel un pacha, s’y installe confortablement. D’autres se contentent de poser leurs fesses sur le rebord de la barque. Il fait bon. Nous mangeons de bon appétit. Mais après nous être chauffés au soleil quelques minutes, le froid nous gagne à nouveau. Après le café, personne n’a envie de s’attarder. Nous levons le camp. Bruno, comme il se doit, est le dernier à quitter sa barque.
« On va remonter sur la
route » nous dit Jean. « Je marcherai devant le groupe, pour faire ralentir les voitures. Marchez derrière, en file
indienne ! »
Dix minutes plus
tard, nous quittons la route pour emprunter un sentier qui longe le lac. Puis un peu plus loin, Jean nous prévient : « Ici, il y a deux possibilités :
soit nous suivons au plus près le bord du lac. Nous devrons alors contourner ou traverser des propriétés privées. Soit nous rejoignons plus haut un chemin qui fait le tour du lac ».
Jean a une préférence pour la première option. Nous le suivons donc. Nous ne tardons pas à buter sur une clôture. Nous la contournons. Puis voici une nouvelle clôture. Le propriétaire nous a repérés. Il nous confirme que nous sommes en bonne voie. Et nous
retombons en effet sur le chemin interrompu par ce propriétaire, par ailleurs fort aimable.
Nous continuons notre route à travers bois. C’est l’occasion pour Jacky de compléter sa cueillette de champignons. Après une dernière grimpette, nous retrouvons le sentier que nous avions pris ce matin. Il nous ramène gentiment jusqu’à nos voitures. Hélas, en décembre, sur les rives du lac de St Cassien, tous les cafés sont fermés. Sans trop de regrets, nous nous résignons à regagner la douce chaleur de nos pénates.
En souhaitant à tous d’agréables fêtes de fin d’année. Les plus courageux sont bien sûr invités à randonner les mercredi 23 et 30 décembre.
Merci Jean pour cette si rafraîchissante randonnée autour du lac.
Merci aux photographes : Jean BOREL, Jean-Marie CHABANNE, Gérard CHARPY, Claude LALANDE.
Encore quelques photos :
Bruno et Jacky
Randonneurs
Randonneuses
Petite montée
Petite descente
Faux plat
La Siagne
Prochaine randonnée : Mercredi 23 Décembre à 8 h00 : La Colle du ROUET (83)