La CROIX-sur-ROUDOULE
En ce beau jour férié de
l'Ascension, 19 marcheuses et marcheurs du Cercle de Boulouris sont "au boulot" comme chaque jeudi. Bien sûr, nous allons nous élever nous aussi et je passerai sur les nombreux jeux de mots que
cette journée et notre activité favorite ont provoqué. Jean BOREL nous a préparé un parcours dans un coin perdu au nord de Puget-Théniers : où va t'il chercher tout
ça ?
Avec beaucoup de plaisir nous avons retrouvé Denise, arrêtée depuis plusieurs mois et accueilli Irma, l'épouse de Roland, profitant vraiment de son jour férié et à qui le groupe a souhaité la bienvenue.
Les "Petites Jambes" auront un parcours raccourci de 1 km et une dénivelée plus faible d'à peine 100m. C'est Jean qui les accompagnera, les pauvres..., elles vont souffrir, alors que Roland conduira le premier groupe jusqu'à la cote 1390. Onze participants dans le premier groupe et huit dans le second.
Il fait très beau lorsque nous arrivons dans le village de la Croix-sur-Roudoule après une montée impressionnante à partir de Puget-Théniers, d'autant plus qu'il y a des travaux qui rétrécissent encore plus la chaussée. Certains feront un rapprochement avec la montée à Ilonse. Heureusement nous n'avons eu à croiser qu'une seule voiture. L'accès au parking est assez tordu mais la vue sur l'esplanade est à couper le souffle.
Petit topo habituel de Jean qui nous présente le village et la randonnée.
La Croix-sur-Roudoule, avec sa population actuelle de 97 habitants, a été le fief des Templiers, puis des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem et a conservé quelques vestiges de son passé médiéval avec quelques morceaux de remparts et une porte fortifiée. Un ancien pont romain situé en contrebas du village fera, d'après Jean, l'objet d'un arrêt lors du retour.
Il fait très beau et la température agréable nous permet de nous mettre tout de suite en tenue d'été. Et voilà, c'est parti pour 10,2 km et 600 m de dénivelée pour le premier groupe. Nous quittons très vite la grande piste pour emprunter le GR 510 par un raccourci assez pentu nous donnant une jolie vue sur le village qui s'accroche, tout en longueur, sur un piton. Tout en bas sur la grande piste nous apercevons l'autre groupe.
Sans nous en rendre compte et tentés par un large chemin, nous quittons le GR en piquant plein sud, nous écartant anormalement de notre itinéraire. Le GPS nous rappelle à l'ordre. Ce n'est pas grave, nous allons rattraper le GR un peu plus haut et la pente sera plus douce même si nous devons faire 500 m de plus.
Après "être rentré dans le droit chemin", nous poursuivons notre montée qui devient de plus en plus difficile sur un terrain glissant constitué d'une sorte de sable gris. Il commence à faire très chaud. Heureux d'arriver sur un petit plat à la cote 1208, doublement car Roland décide que c'est l'heure de la pause banane, super !
En plus des bienfaits de cette pause, le paysage est formidable. Vers le nord-ouest le Mont St. Honorat est encore bien enneigé, à l'est le dôme de Barrot nous cache le mont Mounier . Ah ! il y a longtemps qu'on n'en avait pas parlé. Devant nous, en premier plan, les roches rouges bien caractéristiques de la vallée du Cians et tout au fond, les montagnes bien enneigées surplombant la vallée d'Allos.
Lorsque Roland donne le signal du départ, de la montée, nous voyons surgir Jean avec deux sacs à dos, puis "les
Petites Jambes" qui se pointent les unes après les autres.
Tout ce petit monde a l'air en forme et nous leur cédons bien volontiers la place.le premier groupe va continuer sa progression. En bas nous apercevons le minuscule village
d'Auvare où les deux groupes se rejoindront pour le pique-nique. La descente que vont entreprendre les "Petites jambes" est assez impressionnante.
Le chemin est maintenant en corniche étroite.
A peine parcourus quelques centaines de mètres, Cathy s'aperçoit qu'elle a oublié ses bâtons lors de la pause. Suspendus
à une branche pour ne pas les oublier… elle est bien partie sans. Heureusement la difficulté du chemin l'a fait réagir immédiatement. Le groupe s'arrête pendant qu'elle fait demi tour. Nous
repartons ensuite vers le col du Mont, terme de la montée pour les petites jambes, alors que
poursuivant la montée, le premier groupe emprunte une piste mal balisée. Après avoir traversé un très beau champ d'orchidées sauvages il arrive à la cote 1390, son objectif. Au passage, Daniela a découvert un magnifique Chardon des Alpes qui avait poussé sans aucune tige, directement au ras du sol… une nouveauté pour tous.
Rejoignant la Baisse de Fleirel, nous attaquons la grande descente vers Auvare, 270 m parmi le thym en fleur et les euphorbes hérisson : le rose de l'un et le vert jaune de l'autre cohabitent harmonieusement.
Le chemin n'est pas aussi agréable, si on peut parler de chemin. Nous effectuons de grands zigzags pour atténuer la pente et réduire les risques de glissades. Le village se rapproche et sur notre droite, un appel nous permet de localiser le groupe des "Petites Jambes" qui semble cheminer péniblement dans les roubines ( en provençal, pente d'éboulis, de petits cailloux, parfois friables, pas facile à franchir) que Jacqueline n'a pas aimées du tout, selon ses "premières déclarations".
C'est au cœur du village que les deux groupes vont se rejoindre avec un synchronisme parfait, Nicole en tête. Mais il est midi, temps d'installer notre pique-nique au bord d'un ruisseau. L'eau court sur un fond de roches volcaniques très noires, ce qui la rend peu attrayante. Pourtant Daniela y baignera ses pieds avec beaucoup de bien-être semble t'il !
Le temps s'est un peu embrumé mais il fait toujours chaud.
On voit bien que Denise est de retour car une partie de cartes s'organise très vite. Ils nous manquaient les joueurs de cartes !
Nous avons découvert un coffre : le trésor de la Reine Jeanne ? Hélas, il est vide…mais joli, et finira dans le sac de Daniela.
Après avoir présenté le village d'Auvare, Jean donne le signal du départ.
Son nom (azoara), ligure, d'après Charles ROSTAING, atteste que les tribus de « montani capilatti » ont occupé cette contrée. Un vaste site sur le Mont d'AUVARE où se trouvent d'étranges constructions de pierre toutes orientées pareillement, pourrait peut-être donner des renseignements sur ces hommes agiles qui portaient de longs cheveux en signe d'indépendance et préféraient la mort plutôt que l'esclavage. Leurs conquérants romains eurent fort à faire pour les assujettir et gravèrent leurs noms sur le trophée d'Auguste à LA TURBIE en 14 avant J.C.
Pendant les 5 siècles de « Pax romana » la région d'AUVARE fit partie des Alpes-Maritimes dont le procurator vivait à Cimiez. AUVARE dépendit toujours de l'évêché de Glandèves. ROME décadente laissa les Barbares envahir son empire. Vers 580 Cimiez et NICE furent complètement détruites par les Lombards ainsi que VENCE et Glandèves.
« Nos ancêtres dont les biens devenaient la proie des flammes furent contraints de se réfugier sur des rocs inaccessibles. Les habitants de Glandèves fondèrent DALUIS, SAINT-LÉGER, LA CROIX et AUVARE en 574 ».
Ces quatre villages furent donc des refuges. C'est pourquoi AUVARE fut construit au flanc abrupt d'un rocher protecteur, surplombant des clues profondes, douves naturelles. Ses plus vieilles maisons, celles du barri (le rempart), sont des fortifications, on y voit encore quelques meurtrières, et au sommet du village un portail de pierre témoigne de ce passé. Un château fort fut construit sur le rocher d'où l'on a un point de vue très étendu.
En 1860, Nice et la Savoie durent choisir entre la France et l'Italie. AUVARE vota à l'unanimité pour la France et reprit ses anciennes habitudes. En 1887 un chemin fut ouvert dans la paroi rocheuse du « château » et permit un meilleur accès au village. En 1923 la route de PUGET-THÉNIERS à AUVARE fut achevée.
Après la Grande Guerre le village s'est dépeuplé. L'hiver, il n'est habité que par deux familles de bergers. Pendant l'été, des auvarois de souche reviennent y passer leurs vacances.
AUVARE, la citadelle, comme disent encore les plus anciens en parlant du village, n'a plus son château mais demeure toujours le gardien d'un domaine plus que jamais à défendre en ces temps de gâchis « civilisateur ». Ses bois, ses sources, ses rochers, et aussi le témoignage de la vie des hommes, murettes des paysans, « courtils » des bergers ou anonymes constructions du Mont d'Auvare, parlent d'un monde où l'homme a des racines.
http://www.ecpva.fr/pays/auvare/visite.html
Malgré sa petite taille et sa population de 37 habitants, AUVARE est une commune très étendue de 18 km2
Encore une montée pour franchir une sorte de petit col, la dernière, promis ! Puis par un chemin en corniche, très agréable, nous rejoignons la route et la cote 1088 à partir de laquelle nous retrouvons la grande piste nous conduisant à la Croix-sur-Roudoule. Il fait chaud et lourd. Les derniers héliotropes de Corse se mélangent avec différentes euphorbes.
Joli point de vue sur le village et sa porte ancienne. Une fontaine à l'eau glacée nous permet un bon rafraîchissement extérieur et après le changement de chaussures, parfois de maillot, le groupe a retrouvé la forme pour visiter les deux édifices religieux du village où nous attend monsieur Marin MOREAU, détenteur de l'énorme clé de l'église Saint-Michel. Mais petit changement de programme, la buvette du village a été ouverte pour nous et nous ne pouvons éviter d'y aller nous rafraîchir le gosier bien que Jean ait réservé une table dans une auberge de la vallée. Tant pis, on boira deux fois, ce qui ne semble pas déplaire à certains !
L'église Saint Michel est de pur style roman. Elle date du 11° siècle mais a été agrandie au 15° ce qui lui a retiré une partie de son charme. Restaurée au début du 19°siècle, elle a pris les couleurs du baroque Niçois… Petit tour jusqu'en haut du village accompagnés par notre guide, la petite Laure. C'est pour profiter de tout cet entourage de montagnes, mais aussi pour repérer le point géodésique ( ces points, si chers à Jean BOREL!) que nous avons parcouru les ruelles étroites et les passages couverts. C'est Daniel qui le trouvera, ce coup-ci, le point géodésique que Jean n'avait pas pu dissimuler.
Après la visite de la chapelle Notre Dame du Rosaire, nous remercions la petite Laure et reprenons la route pour aller, un plus bas, admirer le pont suspendu mais surtout le pont romain. La gorge est impressionnante.
Nouveau départ en voiture jusqu'au second arrêt pour notre deuxième "abreuvoir". C'est une première pour notre groupe, mais il avait fait bien chaud aujourd'hui… De plus notre table était préparée avec parasols et divers gâteaux secs et grignotages : ça aurait été dommage de ne pas en profiter. Marinette avait préparé son fameux cake qui vint s'ajouter aux agapes…mais il s'en fallut de peu que nous ne puissions le goûter, Jean-Marie- vas donc maladroit !- ayant renversé sur ses genoux les délicates tranches précieusement découpées par Dominique. Enfin le cake fut sauvé et prétexte à une belle rigolade.
Ainsi que toutes les belles journées, elle se termina en embrassades et comme d'habitude la conclusion fut que nous râlons toujours à priori quant il faut aller loin mais que, à posteriori, personne ne regrette plus le temps et les kilomètres.
Merci Jean de nous avoir fait découvrir ces deux beaux villages. Merci aussi à Roland d'avoir accompagné les dix courageux qui voulaient monter plus haut en ce jour d'Ascension*
*(je n'ai
pas pu éviter !).
Merci aux photographes: Jean BELLACHES, Jean BOREL, Jean-Marie CHABANNE et Claude LALANDE.
La semaine prochaine, jeudi 28 mai à 7 h
30 : SAINT JEANNET (06) - Le Baou de la Gaude
Point d'orgue du parcours, le crochet sommital vers le "Gros Chêne", témoin moyenâgeux du troisième millénaire, apportera aux marcheurs une émotion à la mesure de cet arbre prestigieux large de
six brassées qui défie allègrement les siècles.
4 h 45 - 8.000 kms - Déniv. 500 m - Moyen/Médio – Repas et boisson tirés du sac
Responsable : Roland COLLOMB
Quelques photos en bonus.
Les "Petites jambes"
Protection totale
Dames de 11 heures
Thym et euphorbes hérisson
Clocher d'AUVARE
Pique-nique
Le coffre de la Reine Jeanne
Chapelle ND du Rosaire
Belle demeure à la Croix-sur-Roudoule
Fontaines à Croix sur Roudoule et Auvare