565-2-Les Arcs-Sommet des Terriers-G2
C’est aux Arcs que Patrice nous a donné rendez-vous aujourd’hui pour monter au sommet des Terriers. Il fait un peu frais mais le soleil est au rendez-vous. Nous sommes 23. La randonnée proposée fait environ 12 kms pour un dénivelé d’environ 300 m et est de niveau moyen*.
Jean Ma sera notre serre-file.
Nous démarrons sur la route pour atteindre rapidement un pont de fer qui surplombe le confluent de l'Argens et de l'Aille, le pont de La Tournavelle ou "pont Eiffel".
Jean-Marie lors de la précédente édition en février 2019 au vu du panneau posé sur la rambarde a fait des recherches sur la signification du nom que je me permets de renoter ci-dessous :
« Tournavelle » est le nom du lieu dit. Il pourrait correspondre au fleuve, l’Argens, qui tourne sur lui-même et passe deux fois sous le même pont.
Les premiers écrits présents aux archives départementales concernant un pont sur la rivière d’Aille datent des années 1820. Ce pont était alors projeté au passage dit « de Berard », dans le territoire de Vidauban. En 1819, une lettre du préfet précise que la « rivière d’Aille, qui très souvent et surtout en hiver n’est pas guéable et ne peut l’être sans danger ainsi que l’attestent plusieurs événements à la suite desquels des citoyens ont perdu la vie, exige la construction d’un pont ».
Dans une délibération du conseil municipal en date du 2 juillet 1876, on exprime le souhait de supprimer le bac communal et de le remplacer par la construction d’un pont cette fois au confluent de l’Aille et de l’Argens. Il est voté un budget de 500 F pour commencer une étude sur ce projet.
Dans la délibération du 13 février 1887 il est dit : « Les dernières crues de l’Argens ayant emporté le bac communal qui desservait la forêt, il faudrait le remplacer. Mais il serait préférable de conserver la somme nécessaire à son remplacement et de la consacrer à la construction du pont sur l’Argens. Le 26 juin on vote un crédit de 16 000 F. Dans la séance extraordinaire du 27 juillet on rajoute la somme de 4 000 F. Il est dit que le pont d’Aille coûtera 40 000 F et celui de l’Argens 20 000 F.
Enfin le projet de la réalisation du pont sur l’Aille est définitivement adopté le 25 mars 1888. « Ce pont facilitera la réalisation d’une route de grande communication destinée à desservir le golfe de Saint-Tropez qui est déshérité et permettra à de nombreuses communes telles que celles du Plan de la Tour, Ste Maxime, Grimaud, Cogolin, Saint-Tropez et autres de trouver un débouché pour leurs produits agricoles ».
Le 24 février 1889, sont présentés les plans d’un pont à tablier métallique. Le 8 avril la commune fait un emprunt de 30 000 F.
Le 9 janvier 1890, le chemin du bac est classé en chemin vicinal ordinaire n° 3 en lui assignant une largeur de 4,5 m, non compris fossés et talus.
En 1905, le pont reçoit sa première couche de bitume.
Malgré les frais engagés pour la construction du pont de fer, dont le coût total s’est monté à la somme de 54 000 F, la réalisation de la route pour le golfe de Saint-Tropez ne verra jamais le jour. En 1893 l’Etat décide de faire construire dans la commune de Vidauban un autre pont de fer sur l’Aille et réalise la D72.
Ce pont est parfois appelé « Pont Eiffel » du nom de la technique employée par l’ingénieur et industriel Gustave Eiffel, lors de la construction de la tour éponyme. Il s’agit d’assembler les poutres métalliques en trois temps avec la broche qui permet de laisser du jeu entre les poutres, le boulon qui sert à maintenir les poutres attachées ensemble, sans laisser de jeu et qui est ensuite remplacé par le rivet définitif. Les rivets sont chauffés à blanc puis introduits dans les trous préalablement préparés ; afin de les immobiliser, leur tête est écrasée pendant que le métal est malléable.
Cf. Extraits de https://www.mapado.com/les-arcs/le-pont-de-fer-de-la-tournavelle
Après l’avoir traversé nous prenons une bonne piste dénommée au départ piste des Bauquières, au-dessus de l'Argens,
puis piste des Pommiers, que nous allons suivre longuement en montée.
Le groupe s’étire. Des trouées laissent voir sur notre droite le village des Arcs.
Sur un replat un arrêt effeuillage et pour se désaltérer est nécessaire.
Nous continuons à monter laissant sur notre droite un chemin plat « le grand père » !!! et profitons d’un autre replat pour faire la pause banane.
La halte suivante a lieu à un four à poix. Mais qu’est-ce ?
La photo de groupe est faite sur celui-ci.
"Au cœur du massif des Maures, les fours à poix, appelés PEGUIERES ou PEGOULIERES en Provence, avaient pour fonction d’extraire, par exsudation la résine contenue dans le bois des pins. Ils étaient construits en pierres sèches.
La poix, pego en Provençal, terme francisé en pègue, est un mélange mou et collant, obtenu à partir de résine et de goudron d’origine végétale.
Des découvertes archéologiques ont démontré que la résine de pin était utilisée par les hommes de la préhistoire dans l’assemblage de certains outils ou armes.
Pendant la période antique, on retrouve l’usage de la poix dans l’embaumement des morts en Egypte et dans la pharmacopée à toutes les époques.
Les Phéniciens utilisaient la poix dans le calfatage des bateaux et le tressage des cordages.
Les Romains en enduisaient l’intérieur des amphores et dolia pour la conservation et le transport du vin.
Pline l’ancien décrit dans le chapitre 36 de son Histoire naturelle, un procédé de distillation de la résine de pin. De la poix entreposée dans des amphores a été trouvée dans les épaves sous-marines du Dramont C et de la Chrétienne. Dans l’Antiquité, Il y avait aussi un récipient spécifique au transport de la poix appelé kados en grec ou cadus en latin selon CAVASSA Laetitia.
Darluc médecin originaire de Grimaud, dans son Histoire Naturelle de la Provence parue en 1786 (pages 304 à 305), décrit les divers produits tirés de la forêt des Maures dans le secteur du Muy, dont la poix.
La poix fut utilisée en très grande quantité dans la construction navale pour l’étanchéité des coques en bois des navires. Cette industrie périclita vers la fin du 19ème siècle quand l’acier remplaça le bois dans la construction et l’utilisation de brai obtenu à partir du pétrole. A l’arsenal de Toulon dans les années 70/80, la navette qui assurait le transport des personnels entre les différents sites, s’appelait la Pigoulière, en référence au chariot à cheval qui approvisionnait en poix les chantiers où se construisaient les navires en bois…
Les deux fours situés à proximité de l’ancienne mine de baryte des Porres, sont les seuls connus sur ce territoire des Arcs…
Sans pouvoir donner une date précise de la construction de ces fours, on sait qu’en 1672, Colbert ordonna que des manufactures Royales de goudron soient créées partout en France où se trouvaient des pins...
La technique consiste à remplir le four de bois de pin débité en bûchettes d’environ 40 centimètres, ou de souches de pin coupées en morceaux. Il fallait 1,5 m3 de bûchettes bien rangées pour remplir le four.
L’orifice du bas était fermé avec une pierre ajustée avec de l’argile. Le feu était allumé sur la partie supérieure du four. Dès que la combustion était amorcée, l’orifice du haut était recouvert d’herbe et de terre argileuse pour garantir l’étanchéité. La distillation pouvait commencer, elle durait environ 48h. Au bout d’une heure de chauffe, la résine commençait à couler vers le petit bassin de réception.
Toutes les Péguières retrouvées se situent à proximité d’un point d’eau. L’eau était indispensable pour arroser le four si la combustion s’emballait, mais aussi pour remplir le bassin de réception de la résine fondue dit goudron. Le goudron qui s’écoulait du four par un canal aménagé dans la terre, pouvait ainsi refroidir plus vite. Il était retiré au moyen d’une grande louche et stocké dans des récipients de fortune
tel que cornus, jarres ou seaux.
Chaque fournée produisait environ 40 kg de poix et 250 kg de charbon. Le four fonctionnait seulement 2 ou 3 saisons, le temps que tous les pins dans un rayon de 1 à 2 km aient été coupés.
Alors les pégassiers abandonnaient le site et allaient construire un nouveau four dans une autre pinède. Ce travail qui était effectué en saison hivernale produisait un revenu complémentaire pour les paysans.
Le goudron ainsi obtenu (pix navalis), était expédié vers les chantiers navals militaires de Toulon et civils de Saint Tropez." (extrait du compte-rendu des travaux de restauration – association archéologique Aristide Fabre)
Nous continuons alors à monter en ayant de magnifiques vues sur le rocher de Rochebrune et les Maures.
A la croisée de ces magnifiques blocs de pierre, finie la piste.
Nous empruntons un petit raidillon bien rectiligne de 70 m. de dénivelé qui nous conduira tout d’abord au site mégalithique du Dolmen des Terriers.
" Le dolmen des Terriers découvert à la suite de l'incendie de 1993 s'inscrit totalement dans la typologie des dolmens du Var...
La chambre funéraire ou cella, bordée de dalles de schiste plantées, d'une hauteur moyenne de 1.5 m, est de forme ovoïde de 4m sur 3m. Elle est orientée est/ouest. Les dalles du chevet sont à l'est, l'entrée de la chambre débouche à l'ouest. Elle est implantée au centre d'un tumulus de forme légèrement elliptique de 6.5m sur 7m. Ce dolmen a perdu les dalles de couverture de sa chambre funéraire et du couloir d'accès. L'ensemble était recouvert d'un tumulus de pierres et de terre (hauteur estimée à 3m.) d'où débouchait le couloir d'accès à la chambre funéraire.
Dans les années 50 les affleurements de gneiss et schiste situés sur le sommet des Terriers ont été exploités par un marchand de matériaux local et ce dolmen a sûrement servi de carrière de dalles et pierres, ce qui explique la disparition du tumulus et l'absence de mobilier dans la chambre funéraire qui a été vidée. (panneau explicatif à l'avant du dolmen)
Nous continuons alors jusqu'au au sommet où nous nous installons à l’abri pour la pause-déjeuner, une légère brise s’étant levée et le ciel s’étant ennuagé. Le repas a été bien fêté. Retour des G2 comme il y a 2 ans.
C’est repus que nous repartons pour une descente aussi longue que fut la montée. Le soleil était alors réapparu.
Nous regagnons tout d’abord les menhirs des Terriers.
"Les menhirs sont le témoignage de pratiques culturelles de la préhistoire récente sur la commune des Arcs sur Argens. Le lieu que vous découvrez était fréquenté par nos lointains ancêtres entre le début du 4e millénaire et la fin du 3e millénaire avant J-C. Situé à 300 m d’altitude, cet ensemble de pierres dressées aussi dénommé : cromlech fut découvert en 1991. Le site comporte 6 stèles de petites tailles (2 m x 0,15 m) et 3 stèles plus imposantes (3 m x 0,2 m), leur masse varie entre 300 kg et une tonne. Aménagés selon des rituels différents en fonction des régions, les menhirs sont liés à la fascination des hommes pour les rythmes de notre Terre. (Mouvement des planètes, équinoxes, marées etc.)." TV83
La descente caillouteuse et raide par endroit fatiguait les genoux de certains. Quand va-t-on être sur le plat ? A qui de dire : moi je préfère les montées, moi les descentes…
Enfin l’arrivée n’est plus loin. En contrebas une plage au bord de l'Argens.
La boucle est terminée. Nous retrouvons le chemin de ce matin, puis le pont sur lequel nous refaisons une photo de groupe.
Nous nous écartons et faisons une haie d’honneur à une calèche. Au vu du chargement de celle-ci le cheval devait bien être autant fatigué que nous.
C’est à Puget aux 3 brasseurs que nous allons partager le verre de l’amitié.
Merci Patrice pour cette agréable balade.
Les photos sont de Claudette et Rolande.
La semaine prochaine :
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