2023-03-30 - Le Brec d'Utelle - 823 - G1
Randonnée G1 conduite par Alain W au Brec d’Utelle sur un sommet caractéristique de la longue chaîne de partage des eaux entre Vésubie et Tinée d’une orientation sud-nord.
Le Brec (ou Bric) signifie « pic », « pointe de rocher », mot d’origine gauloise « briga , montagne ».
Le Brec d’Utelle se termine par un passage rocheux et aérien qui se mérite, pour jouir d’un panorama de toute beauté.
Son proche voisin, le Castel de Ginesté offre la représentation classique du « baou », sommet plat bordé de falaises.
Alain accueille les quinze randonneurs présents à la sortie du village d’Utelle, sur le parking de l’hôtel Bellevue.
Il fait beau, le ciel est bleu, pas de vent, température douce autour de 15°C, c’est l’idéal pour marcher, contrairement à une précédente édition, conduite également par Alain le 8 novembre 2018 où la randonnée a été faite par temps pluvieux et sans beaucoup de visibilité. La première édition, orchestrée par Jean Bo et conduite par Jean-Louis s’est déroulée le 11 juin 2015.
Alain présente la randonnée: un parcours de 11 kilomètres en aller-retour pour 800 mètres de dénivelé positif et 800 mètres de dénivelé négatif, 3 heures de montée, 2 heures de descente avec les pauses et une heure de pique-nique au sommet du Brec.
La petite troupe se met en route sur un rythme montagnard.
C’est tout d’abord le long d'un sentier dans les marnes creusées par le ravinement via la balise 112, que nous démarrons cette rando sur une pente accentuée.
A partir de la balise 113, nous suivons la direction Nord.
A peine partis, le joli village d’Utelle prend déjà une autre dimension. Nous le visiterons à la fin de la rando.
La vallée de la Vésubie se montre également sous un nouveau jour et dévoile tout son charme, avec, sur l’autre versant, la cime de Roccassiéra qui fera l'objet d'une prochaine randonée, et la crête du Mont Férion.
Au Sud se dessine une très belle vue sur le Mont Vial, et plus proche de nous, se détache le Sanctuaire de La Madonne d’Utelle.
Alain en profite pour nous raconter l’histoire de ce sanctuaire.
« Pourquoi, à cet endroit, un sanctuaire?
Il y a très longtemps, vers 850, des marins espagnols sont pris dans une tempête au large de Nice. Ils sont sur le point de passer cul par dessus tête et prient la bonne mère pour qu'elle les sauve. Au moment de la prière, un rayon de soleil sort et éclaire la montagne. Les marins se guident jusqu'au rivage et montent établir un oratoire à l'endroit où ils ont vu la lumière. »
Alain rappelle que le sommet à la Madonne d’Utelle fut en 2016 l’arrivée d’une étape cycliste de Paris-Nice.
Le cheminement longe les contreforts de la Tête des Pennes, de la Tête de Parabosquet, sans oublier la Tête du Sac de Bécasse pour rejoindre le col du Castel de Ginesté (1250 m) à la balise 156.
Le Castel de Ginesté impose son impressionnante architecture ocre jaune digne des cités Inca et pour certains, celle des rochers de Monument Vallée.
C’est ici que nous faisons la pause-banane. Une photo de groupe s’impose dans ce haut lieu historique de l’époque napoléonienne.
Petit rappel sur ce lieu historique raconté par Alain:
« Haut lieu de l’époque napoléonienne, le site du Brec d’Utelle constitua de 1792 à 1794 une poche de résistance des troupes austro-sardes. Un jeune officier niçois, le Général Masséna, entreprit de les en déloger.
Nommé Général de brigade, le 22 août 1793 à 35 ans, Masséna s'illustra les 24 et 25 novembre 1793, en s'emparant de Castel Ginesté, du Scandoulier et du Brec d’Utelle, positions fortifiées et réputées imprenables.
De 1792 à 1794, dans tout l'ex-Comté de Nice (1), devenu le premier département des Alpes Maritimes, se poursuivit une guerre fertile en combats d'avant-postes, qui trouvaient dans l'exceptionnel fouillis de pics et de vallées enchevêtrées de la région, un terroir des plus favorables pour multiplier ruses et embuscades.
Une partie des 6000 hommes de Masséna qui gardaient la Basse Vésubie occupait Utelle tandis que les ennemis retranchés à Castel-Gineste et au Brec d'Utelle les dominaient en les menaçant. Masséna décida de les chasser. Avec audace, suivi d'une colonne de volontaires, dans les éboulis impraticables, s'accrochant aux aspérités à flanc de précipice, le Général et ses hommes atteignirent enfin Gineste qu'ils attaquèrent impétueusement. Après deux heures de résistance acharnée, les ennemis abandonnèrent leurs retranchements et se réfugièrent au Brec. »
Pour la suite laissons la parole à Masséna lui-même :
"Le Brec est une montagne des Alpes en cette partie la plus élevée et la plus difficile : on y arrive par un sentier étroit et anguleux, bordé de roches et de précipices, où, depuis la naissance de la guerre, on ne s'avisa jamais de traîner un canon ; ce qu'on n'avait pas entrepris, nous l'achevâmes. Je fis monter de la Madone d'Utelle une pièce de 4 : nous la portâmes à bras l'espace de 2 milles ; général, officiers, soldats, tous y mirent la main ; enfin, après sept heures d'effort qui tiennent du prodige et que le génie de la liberté peut seul inspirer, elle était en batterie au poste avancé de Castel-Gineste et elle tonnait sur les esclaves sardes. Peignez-vous leur surprise et leur épouvante ! Ils s'ébranlent, grenadiers chasseurs, éclaireurs montant au pas de charge, nous sommes les maîtres du Brec. Nous poursuivons l'ennemi de rocher en rocher, de poste en poste. Une colonne conduite par Despinoy, adjudant général, se précipite par mes ordres au Figaret ; après quelques fusillades, les ennemis fuient de toute part, ils nous abandonnent 3 camps, plus de 40 mulets chargés de bagages et de munitions de toutes sortes, 300 tentes, des ustensiles, des armes, des matelas, des courte-pointes, des oreillers et l'attirail qui suit des hommes efféminés, des esclaves ..."
(1) Alain fait un rappel sur l’histoire du Comté de Nice et de l’unification italienne.
« Le Comté de Nice et le Duché de Savoie sont annexés à la France le 14 juin 1860 par le traité de Turin. Napoléon III obtient ces 2 territoires de Victor Emmanuel II en récompense de son intervention militaire contre l’Autriche et de son soutien de la France dans le projet d’unification italienne. »
A partir de ce Col de Ginesté, nous basculons du côté de la Vallée de La Tinée.
Un chemin audacieux, taillé en corniche et tout à fait remarquable, se fraye un passage sous les barres du Castel de Ginesté (1344m) avec quelques passages aménagés par des passerelles suspendues pour remplacer les effondrements de terrain. C’est dans cette ambiance rocheuse que l’on parvient à la balise 438. Alain nous signale à cet endroit le départ d’un sentier qui suit l’arête de l’Albaréa et par un passage audacieux au Pas de Masséna se dirige vers le petit village de La Tour sur Tinée.
La vue est admirable également de ce côté avec les montagnes enneigées du Petit et Grand Mounier vers Valberg et du Mourre de Chanier vers Rougon.
Puis le paysage change complètement en passant dans l’ubac, car heureusement les conifères remplacent les zones pierreuses.
Le sentier est très agréable, presque de niveau, sous le couvert boisé où nous parvenons à un petit collet avec une vue magnifique sur les deux vallées, et la face nord du Castel de Ginesté en contrebas. Pour la première fois c’est la face sud du sommet escarpé du Brec d’Utelle qui s’offre à nous.
Alain nous montre le chemin à parcourir pour arriver au sommet de cette cime.
Le pierrier reprend ses droits pour nous conduire sur ce magnifique GR 5 par quelques larges lacets à la brèche du Brec, balise 155.
A cette balise, nous laissons le GR5 se poursuivre vers le Nord à travers les Alpes jusqu’à Thonon-les-Bains, pour gravir sur la droite et cent mètres de dénivelé, la dernière difficulté, le but ultime de cette randonnée, le sommet du Brec.
C’est par quelques gradins rocheux, et quelques passages alpins où il faut mettre les mains que l’on accède au sommet du Brec d’Utelle à 1604m d’altitude.
Quelle récompense au sommet! La vue est magnifique à 360 degrés, sous un ciel bleu, pratiquement sans vent, avec une très bonne visibilité côté Mercantour et légèrement voilée côté mer.
C’est ici que nous faisons la pause pique-nique dans ce merveilleux décor, à la satisfaction des participants.
Alain en profite pour commenter et énumérer les différents sommets de cette chaîne de montagne de gauche à droite.
« Tout au Nord le mont Pelat 3051 m, les sommets du Petit et Grand Mounier 2818 m, bien connus des randonneurs puisque gravis plusieurs fois lors des séjours de Valberg.
Puis plein Est, le plus haut sommet du Mercantour, côté Italie, la cime de l’Argentera à 3297 m, et le Gelas, côté France, 3153m. Entre les deux le caïre de la Cougoude 2921 m, proche des merveilleux lacs Bessons, autre randonnée proposée par Alain.
Au Sud-Est le Mont Clapier, et la célèbre Vallée des Merveilles au pied du Mont Bego, dominé par la cime du Diable 2685 m et le Grand Capelet à 2935m».
Tout le monde est émerveillé.
Chacun y va de sa photo souvenir.
Marc T, en grand professionnel de la photo, en profite également et mitraille de tous les côtés.
André T, spécialiste de la vidéo, se régale en filmant tous azimuts.
La fraîcheur commence à s’installer après le pique-nique. Il est donc temps de quitter ce belvédère.
Alain rappelle les consignes de prudence pour cette première partie de retour en désescalade et avec une entraide conviviale et solidaire, chacun retrouve le GR 5 sans problème.
Après deux heures de descente dans une ambiance bon enfant, c’est le retour vers le parking.
Nous allons visiter ce très beau village perché et son église romane du XVIe siècle avant de revenir à notre parking pour prendre le pot traditionnel de l’amitié sur la terrasse ensoleillée de l’hôtel Bellevue.
Pour compléter ce blog, André vous invite à cliquer sur le lien ci-dessous pour regarder la superbe vidéo qu'il a faite.
Les randonneurs remercient chaleureusement Alain pour cette magnifique randonnée. Il les remercie à son tour pour leur participation.
Les photos sont de Marc, Claude, Catherine et Alain, la vidéo d'André et le texte d'Alain en l'absence de blogueuse.
Merci à Dominique pour le montage et la publication du blog.
La semaine prochaine:
Lundi 3 avril:
Jeudi 6 avril: