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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 08:07
TUFS ET TRAVERTINS  DE PROVENCE

 

Les tufs et travertins constituent un véritable patrimoine provençal. Nous avons pu les contempler lors de nos randonnées à Villecroze, Cotignac, Barjols, la Motte, Vidauban, Carcès ou encore Saint-Zacharie.

Précisons que nous ne parlons ici que de « tuf calcaire ». En effet, le nom tuf s’applique aussi à d’autres roches sédimentaires, également poreuses et légères, mais résultant de la consolidation de débris volcaniques, de cendres. Ce sont alors des « tufs volcaniques », dont un bel exemple est le paysage turc de la Cappadoce.

Tufs volcaniques érodés

 

Il n’y a pas de définition précise et rigoureuse permettant de différentier les deux termes tuf et travertin ; mais généralement on entend par tuf, une formation jeune, de type tendre et poreux, en opposition aux travertins, roches plus anciennes qui présentent des faciès plus cohérents et indurés, car ayant été transformés par sédimentation et diagénèse.

Falaise de travertin

Les travertins anciens, se sont formés à l’Holocène (période la plus récente de l’ère Quaternaire) et ne sont plus au contact des eaux qui leur ont donné naissance. Les tufs et la source d’eau qui permet encore leur formation aujourd'hui peuvent être considérés comme une « relique » d’un phénomène important qui s’est développé il y a environ 8 000 ans et qui a donné naissance à de très grandes accumulations de travertins.

 

Selon P. Blot (https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00950467/document), le véritable initiateur de l'étude des tufs en France est Jean-Etienne Guettard (1754), qui a travaillé sur le site de Crégy, près de Meaux, avant de décrire d'autres formations, comme celles de Villecroze et de Barjols.

 

En 1897, Charles-Philippe-Ernest Munier-Chalmas découvre le pouvoir incrustant des algues. Mais ses travaux sont ignorés et redécouverts par l'Abbé P. Frémy en 1926. Depuis, les études se sont généralisées à des structures qui sont dénommées Stromatolites (ou stromatolithes), roches calcaires en forme de dôme, de chou-fleur ou de récif, qui se forment dans des eaux chaudes et peu profondes (ex en Australie) et dont des formes fossiles, datant de 3,2 milliards d'années, font partie des toutes premières formes de vies connues sur Terre.

 

Les tufs et travertins sont des roches calcaires biogéniques, c'est à dire formées grâce à des organismes vivants. Ils se forment en milieu aquatique sursaturé en « carbonates dissous », dans des sources ou des petites cascades. La présence d'algues, de mousses, de champignons ou de certaines bactéries (Cyanobactéries) fait précipiter le carbonate de calcium, qui se dépose en surface des végétaux. Peu à peu la fine pellicule devient « croute », puis les cellules végétales piégées à l’intérieur se décomposent en laissant un vide et seul le minéral subsiste.

Les encroutements les plus visibles sont cerclés
Les cavités laissées par les végétaux ( photo internet)

Dit plus techniquement,  la formation des tufs et travertins s’explique par la précipitation des carbonates (CaCO3) dans les sources et les eaux de ruissellement chargées d'ions hydrogénocarbonates (HCO3-) et d'ions calcium (Ca2+), suivant l'équation : Ca2+ + 2 HCO3- CaCO3 + H2O + CO2.

Plus le dioxyde de carbone (CO2) est consommé, soit par dégazage vers l'atmosphère (ex à la faveur de l'agitation de l'eau) soit par utilisation lors de la photosynthèse des végétaux et des bactéries, plus il y aura de formation de carbonate de calcium. Au contraire, lors d’un apport de CO2 (ex : respiration nocturne végétale) l’équilibre peur se déplacer vers la re-dissolution des carbonates. Nous sommes en présence d’un équilibre qui, de plus, est influencé par la température et la pression.

 

A Sillans, les eaux de la Bresque, après un parcours tranquille, rencontrent un « bouchon » de travertins anciens et chutent de 42 m. Nous observons ainsi une magnifique cascade avec ses voiles de mousses incrustées.

Détail du tuf en formation

 

Le ruisseau du Fauvery arrive sur les hauteurs de Barjols au niveau d’une falaise de tuf d'environ 10 m de haut. Le dénivelé important entraîne dans le Vallon des Carmes, une suite de cascades et de bassins.

Cascade du Gouffre aux Epines
Cascades des Carmes

La falaise de tuf, creusée de grottes, abrite un important complexe troglodytique de chapelles et de cellules, dernier vestige apparent du couvent des Carmes "déchaux".

 

A Cotignac une falaise de travertin de 80 m de haut et 400 m de long surplombe le village. Diverses grottes naturelles et anciens habitats troglodytiques, aménagés au Moyen-Age, sont présents dans cette roche tendre, aisée à creuser.

Ces dépôts de calcaire sont liés à la Cassole, qui prend naissance sur le flanc Est du Gros Bessillon et qui est une des rivières les plus minéralisées de la région : on peut voir des dépôts de calcite tout au long de son lit. A Cotignac, ses eaux ont incrusté des voiles de tuf sur la falaise jusqu'au début du XVIIIe siècle. Puis  la rivière a été détournée. Elle contourne maintenant le village et c’est dans le Vallon Gai qu’elle forme aujourd'hui une cascade, franchissant en un saut de 10 m le bouchon de travertin encastré dans les dolomies, et déposant de nouveaux tufs.

 

A Villecroze, le village est également dominé par un balcon de travertin, creusé de grottes naturelles, que les moines bénédictins ont utilisées pour se réfugier, lors des invasions du Xe siècle. Les grottes ont été fortifiées, au XVIe siècle, par le seigneur local. Les maçonnerie et fenêtres à meneaux sont construites avec le travertin extrait sur place. A gauche persiste une cascade de 35 m de haut, qui dépose, en petites quantités des carbonates sur, principalement, des mousses.

A l’intérieur du château-grotte sont visibles non seulement le travertin de la falaise, avec des encroutements de mousses et végétaux mais aussi de beaux exemples de concrétions calcaires, de formation purement chimique et caractéristiques de l’intérieur des grottes, avec des colonnes, draperies et stalagmites.

 

 

Près de sa source, la Nartuby traverse non seulement des calcaires mais aussi des gypses. Les eaux vont dissoudre en plus des carbonates des sulfates issus du gypse. Ce mélange entraine une diminution de la solubilité de la calcite et donc une augmentation de la formation des concrétions calcaires. Sur la commune de la Motte en Provence « Le Saut du Capelan» est la plus spectaculaire des cascades du cours de la Nartuby, qui entaille aussi ici une falaise de travertin et chute d’une trentaine de mètres dans une vasque profonde.

 

D'autres  morphologies spectaculaires ont été observées dans des cours d’eau contenant  des quantités notables de « carbonates dissous » qui vont  se déposer, en construisant des barrages ou des murs limitant des vasques appelées "gours". Quant un obstacle rend le lit du ruisseau un peu moins profond qu'ailleurs, l'eau coule plus vite et y est plus agitée, favorisant le dégazage du CO2 et donc la précipitation préférentielle du carbonate de calcium, ce qui surélève l'obstacle et amplifie le phénomène. De plus, la faible profondeur d'eau favorise la pénétration de la lumière et le développement des micro-algues et des bactéries photosynthétiques qui accélère le phénomène. A terme, ce mur peut barrer complètement le ruisseau.

L'Huveaune prend sa source à la Grotte Castelette, dans le massif de la Sainte Baume, puis court en sous-bois épais en formant des "escaliers" plus ou moins importants. Sur les bordures des vasques, l'eau s'écoule plus rapidement et cause ainsi la formation de “drapés” calcaires, typiques des "gours".

Zoom sur le drapé du bord du "gour"

 

La Bresque, en  aval de la Grande cascade de Sillans, poursuit son cours dans une forêt dense, de vasque en vasque, sautant en petites cascades les murs de travertin.

 

Vasque d'eau turquoise

Dans certaines conditions, les particules du micro-précipité de carbonate de calcium en suspension dans les eaux ont la bonne dimension et la bonne concentration pour entraîner la diffusion de la lumière et donner d'exceptionnelles couleurs bleues.

 

Pour terminer, notons que des dépôts de travertin peuvent également se développer dans les eaux captées : c'est  le phénomène des "Fontaines Moussues". Ainsi, à Barjols la fontaine Raynouard, du nom de son donateur, cache sous son aspect actuel une sculpture représentant un faune se prélassant dans une conque. Mais le calcaire accumulé au fil du temps enveloppe le tout sous une épaisse coque de tuf et de mousse. Cette enveloppe naturelle est très régulièrement taillée, afin de préserver l'équilibre du monument.

 

Merci aux animateurs qui nous ont fait découvrir ces beaux sites et aux blogueurs qui ont pris toutes ces photos.

Mais je ne remercie pas ce virus qui nous confine et sans qui ce blog n'aurait pas été écrit.

 

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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 06:43

Confinement 3ème semaine : La Vallée de la Clarée dans le Briançonnais été/hiver

 

Remontons un peu dans le temps : Fin Juin 2018, nous étions un grand nombre de randonneurs du Cercle de Boulouris à nous retrouver, pour une semaine de découverte du Briançonnais

Aujourd'hui, parmi ces découvertes, j'ai choisi : la merveilleuse Vallée de la Clarée

 

Passons aux souvenirs :

 

Le Mardi 26.06.2018

Jean Ma a mené une rando G2 en conduisant les randonneurs au Lac Rond et Lac Long dans cette vallée.

Rassurons nos lecteurs, Jean se désaltère avec de l'eau...

Quelle belle photo avec ce décor magnifique en arrière plan… mais à qui appartient cette casquette que nous apercevons?

Paysages superbes tout le long de cette randonnée

 

 

 

 

 

 

 

 

Le  Mercredi 27.06.2018

C'est au tour d'Alain de mener une rando G1 en direction de l'Aiguille Rouge, également dans cette vallée

C'était, certes une randonnée très sportive mais quelle satisfaction de l'avoir faite...

Paysages différents, plutôt arides mais quel émerveillement!

 

 

 

 

 

 

Maintenant et avant le confinement : découvrons la vallée de la Clarée sous la neige

Le 11.03.2020 : quatre randonneurs composés d'un animateur, un serre file, une randonneuse et une blogueuse ont prévu une rando raquettes pour découvrir la vallée de la Clarée sous la neige au départ de Névache.

Joël, notre animateur, nous conduira pour un circuit de 7,2 kms et une DH de 442m

Après avoir chaussé nos raquettes, nous démarrons notre rando tranquillement pour nous familiariser avec "nos engins" aux pieds.

Nous quittons rapidement la D301T enneigée, interdit à la circulation en voiture, pour prendre un chemin en direction du Ruisseau de Buffère.

Après avoir franchi un pont étroit et impressionnant sur le ruisseau, nous commençons une montée un peu raide en direction de la cascade de Débaret.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après le pont de Rately à 1744m, nous attaquons une montée très raide vers le refuge de la Buffère.

Il est environ 12h et compte tenu des marcheurs qui montent vers le refuge, nous avons préféré mangé en pleine nature près de ce merveilleux chalet enfoui sous la neige.

Après le repas, nous amorçons la descente avec de magnifiques vues sur la vallée, puis nous franchissons le pont de Rately.

Nous traversons un tapis de neige encadré de ciel bleu et rejoignons la route fermée à la circulation, qui nous ramènera avec quelques raccourcis vers le village de Névache.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous admirons sur notre chemin les chapelles Ste Barbe et Notre Dame de Bon Secours, et faisons notre traditionnelle photo de groupe.

Conclusion : Que ce soit en été ou en hiver, la Vallée de la Clarée garde toujours le même charme

 

C'est bientôt la fin de la 3ème semaine de confinement, nous allons bientôt nous retrouver, en attendant : Prenez soin de vous et de vos proches.

 

 

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26 mars 2020 4 26 /03 /mars /2020 15:27

Confinement 2è semaine - La levada do Caldeirão Verde  à Madère.

Afin de prendre de vos nouvelles et de maintenir le lien entre les randonneurs et les lecteurs habituels de randosboulouris2, Jean-Marie a proposé aux blogueurs d’éditer un blog un peu particulier chaque semaine aussi je vous propose aujourd’hui une randonnée à Madère si un jour vous avez l’occasion de vous y rendre.

7 randonneurs du lundi et/ou jeudi ayant participé au voyage à Madère organisé par le Cercle de Boulouris en mai 2019 ont profité d’une journée libre, accompagnés par un guide pour aller découvrir une levada.

Mais vous allez me demander ce que sont les levadas ?  

« Les levadas, canaux d’irrigation, furent créées à partir du XVI è siècle et jusqu’en 1940 pour la dernière, par la nécessité d'acheminer d'importantes quantités d'eau du versant nord-ouest de l'île, plus arrosé, vers le versant sud-est, plus sec mais plus habité et davantage propice à l’agriculture. L’île étant montagneuse, la construction des levadas fut une entreprise difficile, à laquelle furent affectés des esclaves ou des forçats, mais aussi des ouvriers salariés. La plupart suivent le flanc des montagnes, mais des tunnels ont dû être creusés sur environ 40 kilomètres. Les levadas ne permettent pas seulement l'irrigation mais aussi la production d'électricité d'origine hydraulique. Le réseau d'une longueur totale d'environ 2 150 kilomètres géré par l'État ou les communes, est actuellement aussi utilisé pour le tourisme : chaque levada est longée par un chemin qui permet son entretien constant.

Épousant les courbes de niveau, ces chemins permettent pour la plupart des randonnées aisées et à plat dans de magnifiques paysages mais attention certains sont toutefois étroits, ou situés sur des versants abrupts. ».

L'une des levadas les plus célèbres est la Levada do Caldeirão Verde que vous allez découvrir avec nous.

Le guide accompagné de 7 randonneurs allemands est venu en minibus nous chercher à l’hôtel. Nous voilà partis dans le nord de l’île dans la région de Santana, petite ville typique aux maisons en toit de chaume.

L’accès au départ de la balade dans le parc national de Queimadas est très impressionnant : route très - très étroite et pente en ligne droite à + de 30 %. Pourvu que les freins ne lâchent pas !!

Mais çà y est nous voilà arrivés à l’entrée du parc à plus de 900 mètres d’altitude. Parc dans lequel nous pouvons observer la forêt laurifère où se trouvent  76 espèces de plantes vasculaires endémiques de Madère, ainsi qu’un grand nombre d'invertébrés endémiques et deux oiseaux endémiques, dont le pigeon trocaz (allez le voir sur internet).

 Il y a des millions d’années, il y avait un volcan en activité (aujourd’hui éteint) dans cette zone actuellement entièrement couverte de végétation verdoyante et luxuriante.  

La levada do Caldeirão Verde, impressionnante oeuvre d’art construite elle au XVIIIe siècle prend sa source dans le lit principal de Ribeira do Caldeirão Verde et  traverse les versants abrupts pour transporter l’eau qui descend des montagnes les plus élevées de l’île et arroser les terrains agricoles de la localité de Faial. Destinée à des fins agricoles, cette levada représente une importante voie de pénétration à l’intérieur de la vallée profonde de Ribeira de São Jorge et offre au randonneur une vision spectaculaire et vertigineuse de l’orographie de l’intérieur de l’île.

Nous voilà enfin partis pour 6,5 km aller et une petite centaine de mètres de dénivelé.

La végétation est luxuriante : on peut admirer de très grands arbres. De nombreuses explications sont données par le guide alternativement en français ou en allemand mais il nous fait nous dépêcher car les randonneurs sont de plus en plus nombreux et il est préférable de ne pas se faire doubler. Le chemin large du début devient glissant par endroit et surtout se rétrécit. Des poteaux et fils métalliques protègent d’éventuelles chutes, aussi il est très difficile de s’arrêter pour régler l’appareil photo à chaque prise de vue.

Nous apercevons des filets d’eau et petites cascades sur notre gauche et le relief mouvementé sur notre droite. La vue s’étend au loin et des villages sont suspendus sur les plateaux.

Et voilà que nous arrivons à la difficulté de la rando : la traversée de 4 tunnels étroits, creusés à même la roche, avec la levada en bordure (heureusement prévenus nous avions  acheté des lampes de poche). Le plus long d’(environ 200 mètres) est appelé  » Quebra-cabeças » (casse-tête), car il nous oblige à marcher penchés ou accroupis. Ceux-ci furent traversés sans souci.

Nous arrivons au fond Chaudron Vert (hautes falaises recouvertes de verdure) où se trouvait déjà beaucoup de monde.

Avant de pique-niquer il nous a fallu continuer quelques centaines de mètres pour arriver à un bassin dans lequel tombait une cascade de près de 100 mètres de haut où quelques touristes se baignaient. En 2019 Madère a tout comme nous souffert de la sécheresse et la cascade avait un débit bien plus faible qu’habituellement au printemps.

Le retour s’est fait par le même chemin mais avec une difficulté supplémentaire et pas des moindres.

De nombreux marcheurs, partis plus  tard sans lumière se trouvaient face à nous, d’où croisements difficiles et exercices périlleux d’équilibristes sous les tunnels afin de ne pas tomber dans le canal, ou se faire scalper. Tout se passa bien pour nous jusqu'à l'arrivée, mais d’autres ont glissé dans l’eau et des pansements ont été donnés à un marcheur qui avait la peau du crâne bien arrachée.

A Madère le relief est très accidenté et la végétation extraordinaire. C’est le paradis pour les randonneurs. De nombreux circuits sont balisés. Quelques photos d’autres suggestions de balades pour une invitation au voyage.

Et pour terminer je vous offre quelques fleurs de là-bas avant de vous retrouver pour un prochain blog. En attendant protégez-vous bien.

Les photos sont de Jacqueline K. Michel S. et Rolande

 

 

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