UTELLE
Aujourd'hui, nous allons revenir dans les Alpes Maritimes pour grimper jusqu'à Utelle.
Roland nous avait déjà programmé cette rando le 3 décembre 2009. Mais, souvenez-vous ou allez revoir les photos prises sur le parking de Boulouris ce jour-là. 5 randonneurs
s'étaient retrouvés sous la pluie : nos trois guides, Bruno, Jean et Roland et nos deux normands, Alice et Jean-Louis. Les trois premiers étaient "obligés" mais les deux autres avaient l'habitude
des climats plus humides… Bien sur, la rando fut annulée.
La météo n'est pas excellente mais nous ne devrions pas avoir de pluie (un petit risque pour la fin d'après midi peut-être).
Pas beaucoup de place sur le petit parking au-dessus du cimetière du Cros d'Utelle à 360 m d'altitude, minuscule lui aussi. Le ciel est bien gris et les nuages couvrent les deux
versants de la vallée de la Vésubie. Encore un mauvais jour pour les photographes !
Le joli clocher du Cros évoque pour Claude Lalande un minaret et c'est vrai qu'en y regardant de plus près…
Roland nous explique, cartes à l'appui, " Nous allons monter tous ensemble jusqu'à Utelle à 800 m
d'altitude avec une forte montée au
début. Donc nous allons adapter notre vitesse de progression à ce relief. Le pique-nique est prévu à Utelle et pour le retour, ceux qui ne voudront pas revenir par le bas du Vallon du Riou
sec (quelle poésie dans ces noms de lieu ! ndlr) avec une grosse descente et une non moins forte remontée, ils reviendront par le même chemin, sous la conduite de Jean Borel. Cette formule voulu par Jean, permet de faire participer le
maximum de personnes à toutes les randos. Au passage, il a créé une troisième variété de marcheurs, les " moyennes jambes" !
Utelle comprend les hameaux de Chaudan, St-Jean-La Rivière, Cros d'Utelle, où nous sommes, Suquet, et Figaret ".
Il est 9 h lorsque les 31 marcheuses et marcheurs( Jean a réussi son
pari, quel effectif !) attaquent la montée sur un chemin très caillouteux et dont la pente s'accentue. Nous sommes sur le GR 5 qui relie Thonon-les-Bains à Nice à travers les Alpes. Montée en lacets nous permettant progressivement de découvrir la
vallée de la Vésubie. Quel dommage que le soleil soit caché derrière cette brume ! On ne voit même pas la cime de Roccasiera si chère à Jean Borel. Ce chemin, construit à flanc de montagne avec
parfois des a-pics impressionnants (les fameux passages aériens évoqués dans le descriptif) est nommé chemin de
l'échange. A l'époque, il n'existait pas de piste dans la vallée et les paysans descendaient par ce chemin pour vendre jusqu'à Nice,
les produits de leur ferme, animaux, produits laitiers, châtaignes. Au retour, ils remontaient des produits manufacturés et des bijoux pour leurs épouses. Sur ce chemin ils avaient en
tête une charte non écrite protégeant de l' attaque des bandits. Mais cette charte était purement virtuelle car les fameux bandits sévissaient quand même. C'est
ce que Roland nous expliquera à la première pause pour "effeuillage".
Quant à nos marcheurs, ils sourient aux photographes malgré la
difficulté de la progression. Avant d'atteindre la chapelle St.Antoine, à 10 h, Roland décide de s'arrêter un moment pour la "pause banane". Le paysage est impressionnant. En face de nous, de
l'autre côté de la Vésubie, Duranus où nous avons randonné l'année passée avec le saut des Français, haut lieu de la résistance des "Barbets", mouvement d'opposition des habitants de la région,
opposés au rattachement du Comté de Nice à la France révolutionnaire.
Depuis le début de la montée, de jolis arbres fleuris nous intriguent. Personne n'a pu les identifier et c'est Roland qui grâce à son livre magique nous donnera leur nom, "Amélanchier Ovalis". Bravo à notre guide, par contre, nous
n'aurons aucune difficulté pour reconnaître les hellébores et les euphorbes hérissons.
Notre colonne s'étire tout au long du chemin où il n'est pas
possible de marcher de front.
La pente est maintenant plus réduite avec une succession de petites montées et de petites descentes et enfin nous atteignons la chapelle St. Antoine. Joli petit édifice, en bon état et simplement fermé par un crochet. Belle décoration intérieure. Surprenant que son accès soit libre!
Roland évoquera pour nous la vie "d'Antoine de Padoue, né en 1195 à Lisbonne, descendant de Charlemagne, très cultivé il sera envoyé à Rome comme conseiller du pape Grégoire IX. En 1230, il sera envoyé à Padoue où il poursuivra ses prêches. C'est dans cette région qu'il mourra le 13 juin 1321 laissant une œuvre considérable".
C'est auprès de cette chapelle que nous prendrons la photo du groupe au
grand complet. Tony, dont c'est le Saint patron, se fera photographier devant la chapelle et c'est Michel qui marquera notre passage sur
le Livre d'Or.
"Nous allons repartir et traverser une grande forêt de châtaigniers, nous dit Roland, et je vais donc vous parler de cet arbre dit " l'arbre du pauvre" car pendant longtemps il a joué un rôle important dans l'alimentation humaine. Tout est utilisable dans cet arbre depuis la feuille : emballage et aromatisation des fromages, au bois : charpente, couverture de toit (lauze) et … castagnettes. Ce bois, riche en tannins éloigne les araignées. Mais n'oublions pas l'alimentation avec les marrons (une amande par bogue) et le châtaignes (2 à 5 amandes) avec un menu permettant de bien aborder une randonnée : Mousseline de châtaigne (crème de marron, chantilly et crème pâtissière) puis gâteau de châtaigne pour accompagner, purée de châtaigne et pour finir, châtaignes grillées avec le café."
C'est effectivement cette forêt que nous traversons
maintenant. Le chemin est bordé de murets très moussus mais il est recouvert de
feuilles ce qui rend notre progression très agréable d'autant plus qu'il est pratiquement plat, même pas un faux-plat dont on parle souvent dans nos randos. Puis nous atteignent
les premiers bêlements des moutons dans les restanques à notre gauche.
Ils sont à moitié dissimulés dans les arbres et nous ne les aurions pas aperçus s'ils ne s'étaient
manifestés. Quelques agneaux ont résisté aux festins de Pâques…peut-être sont-ils nés trop tard !
A notre droite, sur un versant sud-est, assez sauvage, nous apercevons notre chemin qui monte encore. Pour l'atteindre nous allons traverser le Rio Sec qui porte bien son nom. Nous le retrouverons cet après-midi, un peu plus bas, mais toujours aussi sec.
Nous cheminons maintenant dans un décor assez minéral, parsemé d'euphorbes hérissons et de thym fleuri, jusqu' à un virage d'où nous découvrons Utelle. Le soleil a fait un petit
effort et nous pouvons admirer les sommets enneigés du Mercantour, le Mt.Gelas qui domine, les deux Capelets et d'autres sommets qui jouent à cache-cache avec les nuages.
Dans un vallon de marnes noires, comme à Thiery la semaine passée, nous redescendons jusqu'au ruisseau, celui-ci n'est pas sec et un pont de bois le traverse. Ce pont a été reconstruit en 1991 par les "Sapeurs Forestiers" comme l'indique l'inscription gravée sur la première traverse.
Située au confluent du Var
et de la Vésubie, la commune d’Utelle, autrefois bourgade importante située au carrefour des sentiers muletiers de
communication entre les vallées de la Tinée et de la
Vésubie, est aujourd'hui un village très touristique avec le pèlerinage à la Madone d'Utelle, son église
classée Monument historique. Sa population passe de 150 habitants en hiver à près de 500 en été.
Le nom UTELLE viendrait du nom d'une peuplade ligure les Uels, en 1200 elle devint Castrum de Utellis. Le village à la forme typique d'une étoile où les rues convergent vers la place où il fait bon se retrouver. Village médiéval, en se promenant dans ses ruelles,
on pourra y découvrir des vestiges d'enceintes et de fortifications datant du moyen âge, des façades originales en "trompe l'oeil" et de remarquables cadrans solaires.
C'est effectivement un joli village à 800 m d'altitude à partir duquel on peut atteindre la fameuse Madone à 1174 m,
le Mt. Tournairet à 2085 m et le Brec d'Utelle à 1606m. En gagnant la sympathique place centrale, on peut remarquer de superbes linteaux sculptés
dont la signification nous échappe souvent.
Nous gagnons l'espace Ninette Christini tout en haut du village, plate-forme herbeuse qui surplombe la vallée de la Vésubie. Elle est équipée d'une table d'orientation qui nous permet de nous positionner parfaitement au milieu de ces montagnes. Heureusement le soleil continue de nous
envoyer quelques rayons qui ont illuminé notre pique-nique pris sur place.
Réconfortés par notre déjeuner, nous rejoignons la place centrale et visitons la fameuse église St Véran. Avec son porche gothique et son portail sculpté racontant la vie de St.Véran, l'église est un mélange de roman et de baroque. Souvent remaniée, elle est le reflet de la
richesse passée d'Utelle et daterait du XIV ème siècle. Romane à l'origine, détruite par un tremblement de terre en 1452, elle fut reconstruite par le prieur Claude de Grimaldi qui
sauva le rétable en noyer sculpté en bas relief .
Comme élément remarquable, on peut citer le retable de St Antoine
(décors de Caldero) 1722, les fonts baptismaux en pierre recouverts par une pyramide en bois sculpté, un magnifique tableau de l'annonciation (XVI ème), une toile représentant Amédé IX, Duc de
Savoie, faisant l'aumône, une autre montrant St Michel
dans son armure et enfin une chaire sculptée d'où sort un bras portant un crucifix.
A la sortie de l'Eglise, une pauvre mendigote nous demande l'aumône mais nous ne sommes pas Amédé IX. En fait, c'est une habile comédienne et vous l'avez certainement reconnue. Nous ne lui donnerons même pas un centime.
Mais il est temps de repartir. Roland réunit ses 17 marcheurs qui vont se lancer dans une folle descente. Plus tranquillement Jean et ses 12 "moyennes jambes" vont rebrousser chemin. Nos trajets vont se rejoindre à la Chapelle St.Antoine, mais il est convenu de ne pas s'y attendre.
La descente avec Roland se fait à très vive allure, tout d'abord en coupant les virages de la route puis dans un sous-bois de la forêt du Colombier. Un tapis de feuilles de chêne, c'est agréable pour marcher, mais quand ça cache des
cailloux glissants, c'est moins agréable. A 15 m de dénivelée négative à la minute (Jean-Marie s'emmêlera un peu avec les secondes…), il ne faut pas se rater. A cette cadence nous arrivons très
vite au Riou Sec, toujours sec, où Roland nous offre une petite pause. Michel en profite pour mettre ses mollets à l'air. Mais ça ne marche pas tout seul. L'assistance d'Annie, spécialiste du
"dépiautage des lapins" sera nécessaire.
Et ça repart avec une bonne petite montée suivie d'une courte descente nous conduisant dans un
vallon profond et bien ombragé. C'est superbe mais pas question de faire des photos, ça va trop vite, il faudrait faire de la pose car c'est très sombre. A la sortie du vallon nous commençons la
remontée vers la chapelle St.Antoine et là, ça monte sérieusement. Le soleil a justement la bonne idée de se réveiller vigoureusement rajoutant un
gros plus à la difficulté au collet de Millehommes. Et c'est bien heureux, n'est-ce pas Dominique, que nous atteignons les Granges de Villars. C'est un hameau abandonné , 30 mètre en dessous de
la chapelle. Une pause bien agréable permet de se rafraîchir le gosier. Les ruines des habitations montrent une structure classique à deux niveaux, l'inférieur réservé aux bêtes, le
supérieur aux gens.
Nous repartons vers la chapelle où nous ne nous arrêterons pas, l'objectif étant maintenant de rattraper
le groupe de Jean. Très vite nous les apercevons de l'autre côté du vallon, à environ 500 m devant nous. Nous rattrapons d'abord leur arrière-garde composée de Jacqueline et ses deux chevaliers-servants, Bruno et Daniel : "Courage ma grande !" . Nous les dépassons, entraînant Daniel dans
notre sillage. Les deux groupes se sont rejoints sur ce mauvais chemin, encore plus désagréable qu'à la montée. Jean est très satisfait de sa petite troupe qui a parfaitement
descendu.
Voici maintenant le Cros…et nos voitures. Le groupe de Roland aura fait une dénivelée positive de 900 m. Pas mal !
Départ pour le pot de l'amitié au Bar des Deux Vallées où nous avons nos habitudes. Bruno et Jacqueline nous y rejoignent et profitent de la diversité des gâteaux que chacun a apportés. Un remerciement spécial à IRMA qui nous avait préparé des biscuits parfumés à l'anis.
Merci ROLAND pour cette belle balade et pour toute la documentation préparée pour notre culture générale. Merci aussi à JEAN pour avoir permis à un maximum de marcheurs d'avoir participé à cette journée.
Merci aux photographes, Jean , Jean-Marie , Gérard et LALANDE.
La semaine prochaine : Jeudi 29 Avril à 7 H 00 : Gorges du Verdon ( 83 ) . L’IMBUT
Départ des voitures pour une
randonnée
dans un site sublime : Les Gorges du Verdon (83), des
Cavaliers à l’Imbut,
à fond de canyon une promenade typiquement varoise. Le
Verdon
saigne le plateau et sculpte des panoramas grandioses. Moyen / Medio - Délicats par endroits : roche
glissante si humidité, passerelle, passage de câble – 7 kms 500 - 5 h 00 – Déniv. : 600
m - Repas et boisson à sortir du sac.
Pour cette randonnée : Soyez bien équipé, bonnes chaussures de marches, eau (2 litres), chapeau – Evitez de boire l’eau du Verdon, évitez aussi de vous y baigner (lâchers d’eau imprévisibles) – Restez sur les sentiers balisés – Ne jetez pas de pierres – Ne surestimez jamais vos capacités –
Responsable : Bruno
Quelques photos en bonus
C'est parti
Le "Saut des Français" à Duranus
L'abreuvoir des moutons
Record de paraboles
Bien installés !
L'Eglise St.Véran-Portail Jamais vu une telle chaire !
Le groupe de Roland
Le groupe de Jean