2022-09-29-857-1 Les Grès de Sainte Anne d'Evenos et le Massif du Gros Cerveau-G1
Ce n’est pas un très grand ciel bleu mais la météo est bien clémente aujourd’hui, de beaux rayons de soleil, une température douce autour de 20°C avec un vent faible.
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Le temps est idéal pour cette randonnée moyen*** de 12kms et 600m de dénivelé positif environ que j’ai créée en 2017. Je la remets au programme ce jour.
19 randonneurs étaient présents à la version du 11 mai 2017 en G1,
19 randonneurs étaient présents à la version du 04 mai 2017 en G2.
19 randonneurs sont présents aujourd’hui pour une version G1 identique à celle du 11 mai 2017.
Un chiffre constant, une participation appréciée qui motive et que je salue puisque cette randonnée éloignée de Boulouris demande 2 bonnes heures de voiture pour se rendre, à la sortie des Gorges d’Ollioules, sur le parking de la boulangerie industrielle de Sainte-Anne d’Evenos, départ de cette aventure.
Je remercie sincèrement ce groupe nombreux, curieux de découvrir pour la grande majorité cette randonnée qui se décompose en 3 parties.
Thierry se propose d’être notre serre-file, merci à lui.
Une première partie dans un site classé exceptionnel de crapahutage et de grimpette pour explorer les Grès avec ces formations de taffonis et d’alvéoles sableuses en dentelle où nous passerons du temps à l’observation avec une progression lente.
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Une 2ème partie, séparée de la 1ère par le Val d’Aren, pour l’ascension du Gros Cerveau, son fort et ses paysages à 400 grades avec des points de vue sublimes de la Rade de Toulon, du littoral, de La Ciotat à Porquerolles et de l’intérieur des terres, de La Cadière d’Azur au Revest, la chaîne de la Sainte Baume et les Gorges d’Ollioules. Nous y ferons la pause pique-nique vers 12h30.
Une 3ème partie pour un retour par le massif de La Colle et le parcours sportif d’Ollioules par un sentier accidenté, bucolique dans le maquis méditerranéen pour regagner le parking vers 17h.
Première partie : Le site classé des Grès de Sainte Anne d’Evenos.
Le sentier longe une vigne du domaine privé viticole biologique Dupuy de Lôme.
Sur la droite nous apercevons les premières sculptures de Grès.
Dans ces amoncellements, les randonneurs y reconnaissent, un batracien, un ballon de foot ou une tortue aux écailles hexagonales parfaites, un dos de cachalot échoué…l’imagination en éveil est débordante…
Puis, un peu plus loin, nous apercevons, cachée par la végétation, une autre barre de grès, découverte pendant la reconnaissance mais difficile d’accès, elle ne sera pas explorée avec le groupe.
Passé celle-ci, on laisse la vigne sur la gauche et notre chemin vers la droite bute sur la forêt très dense. C'est précisément ici que l'on trouve les premières traces bleues que l'on tentera de ne plus quitter. Il faut se concentrer sur le balisage car les sentes sont nombreuses autant que les occasions de s'égarer... L'itinéraire monte sérieusement et, les mains, avec l’aide des arbres, sont souvent les bienvenues.
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On peut fréquemment s'écarter par la droite ou la gauche par des passages un peu exposés pour profiter de la vue et découvrir également les premières cavités ou taffonis.
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On arrive alors à une partie impressionnante de la promenade avec des passages plus aériens à travers les blocs de grès.
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Nous longeons ensuite une jolie vire ascendante qui nous conduit sous la falaise à quelques vestiges de murs et autres constructions, ruines d’une ancienne bergerie.
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Nous faisons ici notre pause banane et j’en profite pour commenter le paysage sur les Monts Toulonnais que l’on observe de l’Est vers l’Ouest.
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Les Monts toulonnais sont l'appellation générale des nombreuses montagnes se trouvant autour de Toulon. La plus haute est le mont Caume qui culmine à 804 mètres d'altitude, la moins élevée est le massif du Cap Sicié avec 358 mètres d'altitude. La plus à l’Est est le Coudon 702m avec une ouverture sur la plaine des Maures. Viennent ensuite le Mont Faron 584m, le Croupatier et le Baou des Quatre Ouro 576m qui domine les Gorges du Destel, et le Gros Cerveau 430m où nous sommes, la plus à l’Ouest.
Les monts toulonnais, comme le massif de la Sainte-Baume, sont issus des plissements géologiques émanant du rapprochement de la péninsule ibérique sur la plaque européenne il y a 65 millions d'années. Poussant vers le nord-est, les plissements se formèrent à la rencontre de la plaque européenne et plusieurs couches plus anciennes se retrouvèrent propulsées en surface et recouvrèrent les couches géologiques plus récentes.
Le massif du Cap-Sicié est une exception dans le paysage des monts toulonnais. En effet, il n'est pas issu du plissement provoqué par la remontée de la péninsule ibérique mais est un vestige de l'ancien massif aujourd'hui disparu, le massif pyrénéo-provençal. L'ouverture de la mer Méditerranée il y a plusieurs millions d'années provoqua la séparation de la Corse et de la Sardaigne du continent en laissant quelques vestiges sur le continent comme les îles d'Hyères ou encore le massif de l'Esterel. Ces massifs sont les vestiges de ce massif disparu et par la composition de la roche, schisteuse, le Cap-Sicié en fait également partie.
Sur la rive gauche de la Reppe, en vis à vis des grès en boules de Ste Anne, se trouvent, les falaises du Cimaï. Voilà une vingtaine d'année encore, elles étaient exploitées pour la production de marbre. Aujourd'hui c'est un lieu d'escalade international...et de spéléologie. Sous la falaise la grotte de la Foux s'enfonce à 400 m sous terre. Elle servit d'abri aux habitants d'Evenos en août 1944, lors de la libération.
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Face à Evenos et de son château en restauration, site médiéval classé, se détache l’imposant fort de Pipaudon.
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Pour la formation des grès, je reprends les explications de Claude C dans son blog de 2017 :
"Les grès de Sainte-Anne d'Evenos sont des roches friables, provenant de la sédimentation de sables déposés en milieu marin au Crétacé. Le sable provenait de l'érosion d'un massif cristallin et métamorphique situé plus au Sud. Sous l’effet de la pression ces dépôts détritiques vont sédimenter et s’indurer. Ultérieurement une phase de régression (retrait de la mer) conduit à l’assèchement du golfe dit de basse Provence. Puis des mouvements tectoniques de plissements et de soulèvements de la couverture sédimentaire se mettent en place. A l’Oligocène l’anticlinal du Gros Cerveau émerge et la barre de la Jaume se redresse. Pendant le Quaternaire, les variations climatiques provoquent une phase d’érosion intense qui donne naissance, d'une part aux taffonis des grès et, d'autre part à l’érosion karstique que nous observerons l’après-midi au Gros Cerveau".
«Le terme « taffoni » ou « tafoni » vient du corse « tafone ». Il désigne une cavité arrondie dont les dimensions varient du décimètre à plusieurs mètres de profondeur et de diamètre. Ces cavités sont formées par l'érosion soit de roches magmatiques grenues comme le granite soit de roches sédimentaires gréseuses. Les taffoni naissent au flanc d'une paroi rocheuse à la suite de la désagrégation, en climat froid, de la roche dans ses parties protégées du soleil, sous l'action de l'humidité ambiante. Plus la cavité est vaste et s'ombrage elle-même, plus le taffoni se développe, en particulier vers le haut. L’action de l’érosion éolienne, en phase climat sec, devient alors primordiale : sous l’effet des vents violents, les grains de sable tourbillonnent dans les cavités, abrasent le conglomérat gréseux et conduit au creusement de la grotte par la désagrégation de la roche. Cette excavation progresse vers le haut et l'intérieur. Les petites cavités sont appelées alvéoles. Quant aux grandes, elles ont toutes les apparences de grottes."
Après ces commentaires, nous reprenons notre marche pour rejoindre le versant nord par une minuscule brèche.
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Il faut donc continuer à monter la crête par une sente évidente en trouvant quelques traces de balisage rouge. On arrive très vite à une nouvelle minuscule brèche qui nous fait rebasculer coté sud. On retrouve nos rassurantes marques bleues.
Attention, 15 mètres après, la sente plonge vers le bas alors que notre chemin joue quelques temps encore les prolongations par une succession de montées et descentes avant de passer sous une dalle effondrée, avec sur la falaise de nombreuses voies d’escalade aux noms évocateurs.
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C'est seulement ensuite que la redescente s'effectue en désescalade dans les blocs.
Nous n’oublions pas, par quelques écarts sur la gauche de profiter des derniers taffonis et faire les ultimes clichés, chacun prenant la pose dans une magnifique excavation ocre jaune sur 2 niveaux tapissée de dentelles d’alvéoles.
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Nous gagnons le fond du vallon, prolongé vers la droite par le Val d’Aren et sa spectaculaire carrière pour la 2ème partie de notre aventure, le Massif du Gros Cerveau. Le nom de Gros Cerveau dérive de l’appellation que les peuplades celto ligures avaient donnée à ce massif : Montagne du Grand Cerf, devenu « cervus » en latin pour se transformer en « cervis » nuque.
Par un sentier escarpé, bien pentu, en lacet à travers la végétation et les pierres, nous grimpons en file indienne jusqu’à l’intersection avec le GR51 que nous prenons sur la droite.
La dernière montée pour atteindre le sommet du Gros Cerveau, suit un chemin charretier avec de jolis murs en pierres sèches et empierrés de gros graviers. Le chemin zigzag sur le flanc de la colline.
Au nord Est nous apercevons le va et vient des camions dans la carrière du val d’Aren exploitée depuis des décennies. Au Sud Ouest c’est la rade de Toulon, la presqu’Ile de Saint Mandrier, de Gien, les Iles de Porquerolles, et au Nord, mille yeux nous regardent tel des masques énigmatiques voire terrifiants.
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Nous arrivons au sommet du Gros Cerveau ceinturé par son fort qui date de 1890.
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Nous en faisons le tour par l’Est où la vue sur le littoral et les monts toulonnais est admirable.
Côté Fort, nous observons, l’entrée murée du magasin à munitions, ses 10 emplacements de canons, et un dédale de galeries souterraines jusqu’à la caserne principale complètement restaurée qui pouvait accueillir 250 hommes. Voir le blog G1du 11 mai 2017.
Nous faisons la pause pique-nique plein sud face au littoral, avec une jolie vue vers Six Fours, Notre Dame de Mai, la presqu’île du Gaou et l’île des Embiez, Sanary, le joli port ensoleillé de Bandol et l’île de Bendor, jusqu’au chantier naval de La Ciotat et le Bec de l’Aigle.
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Le pique-nique terminé nous partons à travers le fort à la recherche des chèvres du Rove qui habituellement occupent cette zone en broutant les buissons épineux de ce massif. Elles sont bien là, dans le secteur nord du fort, ces chèvres aux immenses cornes en forme de lyre. Pour plus d’infos sur cette race vous pouvez vous reporter au blog G2 du 4 mai 2017, « Ascension et Tour du Gros Cerveau ».
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Nous regagnons le GR51 en contre bas du fort en passant par un petit pont de bois proche d’une table d’orientation. Nous observons, la carrière du Val d’Aren tout en bas de la falaise où les camions paraissent tout petits, la barre de la Jaume qui prolonge les Grès de Sainte Anne et à l’horizon le Massif de La Sainte Baume.
Nous quittons ce Fort du Gros Cerveau, plein Est. On progresse en descente dans un très beau sentier de lapiaz, roches blanches et cailloux calcaires laminés par l’érosion dûe au ruissellement jusqu’à une citerne et la route goudronnée qui marque le terme de cette 2ème partie de notre aventure.
3ème partie, le retour au parking par une longue boucle d’environ 8kms.
Direction Sud Ouest sur cette route peu passagère D2220 et fermée à la circulation des voitures du 1er juin au 15 septembre. Après 1,5kms face à un spot d’escalade, nous quittons la route sur la droite pour un sentier en descente, pittoresque, ombragé, escarpé, vallonné par quelques raidillons à travers cette garrigue méditerranéenne du Massif de La Colle.
Nous contournons le parcours sportif d’Ollioules, puis l’usine de traitement des eaux, Société du Canal de Provence pour revenir plein Est par le GR51. Cette partie du trajet nous permet d’avoir une vue sur une carrière qui n’est plus exploitée, sur la barre de Cimaï, les gorges d’Ollioules, de la Reppe et du Destel, sur la vieille ville d’Evenos et son château, le Fort de Pipaudon…..
…..et les Grès de Sainte Anne que l’on rejoint en prenant un sentier tout en descente directe le long de la carrière d’Aren.
Nous retrouvons la petite clairière puis les points bleus sur un chemin pittoresque revêtu de dalles rocheuses jusqu’aux vignes et au parking de la boulangerie. Nous prenons notre pot de l’amitié ici bien accueilli par la boulangère et ses gâteaux.
Les randonneurs remercient chaleureusement Alain pour cette magnifique randonnée.
(En l'absence de blogueurs à cette randonnée G1 Alain a écrit le texte et ordonnancé les photos qui sont de lui-même, Joël, Thierry, Denis, Anne-Marie, Jean-Marie, Claude, Peter et Martine - insertion dans le blog par Claudette et Jacques).