2024-11-14 - 727 - Seillans-la-Pigne - G1
Nous sommes 8 randonneuses et 10 randonneurs prêts à accompagner Joël en ce jeudi ensoleillé mais frais.
Notre animateur présente le programme du jour du parking
et nous parle du village devant la porte sarrasine qui doit son nom à son type de fermeture - herse pointée vers le bas, dite à la Sarrasine - bâtie au 12e siècle.
A quelques kilomètres de Fayence, Seillans a tout du village provençal typique: ses maisons étagées à flanc de colline, ses ruelles pavées, ses passages voûtés et ses placettes où chantent les fontaines, son climat ensoleillé et ses paysages de vignes et d'oliviers. L'endroit séduisit entre autres le peintre Max Ernst qui y vécut les dernières années de sa vie.
Nous traversons quelques rues de ce charmant village qui compte parmi les plus beaux de France
et nous engageons bientôt sur un chemin bordé d'oliviers.
Une pause effeuillage s'avère vite nécessaire.
Nous avançons d'un bon pas sur un chemin étroit et raide accompagnés du chant de la rivière.
Pause-banane bien méritée car le petit-déjeuner est déjà loin.
Nous arrivons à la Chapelle St-Arnoux sur laquelle nous ne savons malheureusement pas grand'chose malgré quelques recherches. Joël se fait un plaisir d'ouvrir une belle porte en bois qui mène sur ... rien du tout - enfin, si, sur de la verdure!
Peu de temps après, nous entamons une nouvelle montée sur la piste de la Pigne. Joël nous invite à nous hydrater et une randonneuse lui dit: "Et toi?" - comprendre: "et toi, as-tu bu?" A quoi notre animateur répond en fredonnant "E-toi-le des neiges" ... que tout le groupe se met à chanter!
Joël nous invite à faire un petit aller-retour pour aller au sommet de la Pigne qui s'élève à 780m.
qui offre de larges perspectives sur la plaine de Fayence, les massifs de l'Estérel et des Maures.
Nous déjeunons à proximité dans un superbe cadre, à 765m d'altitude. Nous sommes plutôt éparpillés aujourd'hui! Certains se sont confortablement installés dans l'abri ou au pied de ce dernier tout à côté du petit poste de vigie au service des pompiers et du comité des feux de forêt.
Après la pause-repas, Joël nous lit l'incroyable histoire de la Vicomtesse Savigny de Moncorps qui nous tient en haleine.
A la fin du XIXe siècle, elle offre au pays de Fayence une nouvelle prospérité. Elle se marie trois fois. En janvier 1866 elle épouse Jérôme Pignon qui décède en juin de la même année, lui laissant sa fortune. Rires et commentaires ... Son second époux, le marquis de Rostaing, possède une grande propriété à Seillans, où elle s'installe. En 1870, une épidémie de choléra emporte le marquis qui lui laisse sa fortune ajoute Joël. Rires et commentaires reprennent ... Pour se consoler, la marquise voyage en Inde. De retour avec son troisième époux, le vicomte Savigny de Moncorps, elle trouve le village moribond. En plus du choléra, le phylloxéra a ravagé les vignes qui sont le pilier de l'économie locale. La vicomtesse, amie d'Alphonse Karr, Jean Aicard, Guy de Maupassant et qui a même reçu la visite de la reine Victoria, n'est pas une femme du monde à rester sans rien faire. Une idée lui trotte dans la tête: redonner vie au village mais comment?
Un ami de la parfumerie de Grasse lui suggère de planter des fleurs que l'établissement pour lequel il travaille lui rachètera. Finalement, elle dédide d'exploiter elle-même ses fleurs avec les villageois dans la parfumerie qu'elle crée à Seillans.
Les plantes bénéficient d'un ingénieux procédé d'irrigation que la vicomtesse a découvert pendant ses différents voyages. Il lui vaudra d'être la première femme à recevoir l'Ordre national du mérite agricole avec la promotion au grade d'officier. "Et son mari, et son mari ?", entend-on dans les rangs! "Il va mourir aussi!" répond Joël du tac au tac!
En 1883, les premières récoltes ont lieu et un parfum est produit. Il est baptisé "Parfum de Seillans". La vicomtesse est la première à décliner la fragrance (le parfum) sur toute une gamme de produits : eau de toilette, crème parfumée, savon et poudre de riz. Le succès est immédiat auprès de la clientèle féminine.
En 1885 au décès de son troisième époux, (rires ...) l'usine continue et rencontre un certain succès nous précise Joël. La vicomtesse va mettre en place une approche commerciale innovante en utilisant les chemins de fer. En août 1900, elle est l'une des premières femmes à recevoir la Croix des Chevaliers du mérite agricole puis celle des officiers en 1905. Elle est élevée au grade de Commandeur en 1912.
Elle est passionnée d'automobile et est en 1901 la première femme dans le Var à passer son Certificat de capacité à conduire et va visiter la France à bord d'une Renault C dite l'Intrépide. En 1904 elle fait installer l'électricité à Seillans et continuera de payer les factures pendant de nombreuses années. En 1912, elle devient vice-présidente de la Croix-Rouge à Saint-Raphaël.
Pendant la guerre de 14, la vicomtesse transforme la parfumerie en hôpital de campagne. Entre 1914 et 1915, elle accueille 50 blessés de guerre. Par la suite, elle poursuivra en tant qu'infirmière bénévole à l'hôpital militaire de Boulouris jusqu'en mars 1919. En 1921, elle reçoit la Reconnaissance de la nation française pour toutes ses actions patriotiques mais sans indemnité d'Etat. A 80 ans, la vicomtesse n'a plus le coeur à relancer l'exploitation. Elle vend sa parfumerie et se consacre aux autres jusqu'à sa mort en 1932 à l'âge de 84 ans. Elle repose en Côte-d'Or.
La parfumerie connaîtra un nouvel essor après les années 30 avec Pierre Chauvet qui développe l'usine dans le monde entier. Certains à Seillans se rappellent encore Guerlain venant choisir ses essences. Elle ferme ses portes en 2010 mais existe toujours aujourd'hui.
Nous remonterons d'ailleurs la Rue de la Parfumerie en fin de randonnée.
Nous reprenons nos bâtons et traversons un hameau, le Haut-Meaulx. Nous sommes amusés par un panneau au bas d'une porte
et le beau gosse sort, ravi de voir autant de belles randonneuses!
Nous continuons notre chemin sur une piste sans difficultés puis en bord de route en file indienne
et nous retrouvons bien plus tard dans le joli village de Seillans.
C'est à la brasserie Le Charlot située sur une jolie placette avec fontaine et lavoir que nous prenons le pot de l'amitié et remercions Joël pour cette très belle randonnée. Merci aussi à la patronne du café qui a eu la gentillesse de garder son établissement ouvert après le service du déjeuner afin de nous accueillir.
Nous avons parcouru 17 kms pour 503m de dénivelé.
Merci également à Alain W notre serre-file.
Les photos sont d'Alain W et Dominique G.
La semaine prochaine:
Lundi 18 novembre:
GL1: 225 - Col des Lentisques: Ravins de l'Ecureuil et Dent de l'Ours - Moyen *** - Denis
GL2: 231 - Cabre-Capellan - Moyen ** - Patrick
Jeudi 21 novembre:
G1: 589 - Salernes-Saint-Barthelemy - Moyen *** - Patrick
G2: 879-1 L'Endre et les Flacs - Moyen * - Dominique L