CONFINEMENT 8 – MEGALITHES DU VAR ET DES ALPES MARITIMES
Les menhirs et dolmens que nous avons observés lors de nos diverses randonnées sont plus généralement appelés mégalithes : ce sont des constructions monumentales, constituées d’une ou de plusieurs pierres brutes de grandes dimensions, associées sans mortier ni ciment.
Dans le sud de la France la période la plus active de construction mégalithique se situe entre 3500 et 2900/2800 avant JC (période du Néolithique final, Chalcolithique). Ensuite les édifications se raréfient avant de disparaître entre 2100 et 1500 avant JC (Age du bronze). Les mégalithes ont pu être réutilisés par les romains.
Les mégalithes observables aujourd’hui, ne sont certainement qu'une infime partie de ceux qui ont été érigés. En effet, l’érosion, le vandalisme et l’agriculture sont des causes principales de destruction. Environ 70 mégalithes ont été répertoriés dans le Var et une trentaine dans les Alpes Maritimes. Mais beaucoup ne sont pas (ou plus) significatifs et ne méritent pas d’être visités.
Hélène Barge a dirigé de nombreuses fouilles et a initié et coordonné, dès 1987, un programme de restauration et de mise en valeur des mégalithes du Var. Les informations descriptives infra sont souvent reprises de son ouvrage « Les Mégalithes du Var ».
Nous avons visité 20 Mégalithes au cours de nos randonnées.
Il faut distinguer les simples pierres dressées (menhirs) des pierres multiples associées avec une architecture plus ou moins complexe (dolmens, allées couvertes, alignements, cercles de pierres…).
LES MENHIRS
Ils sont difficilement interprétables et datables, car les fouilles ont rarement livré des objets ou ossements à leur pied. Diverses significations ont été émises : bornage d’un territoire, indicateur de chemin ou d’un lieu de rassemblement, culte d'un personnage, d'une famille, d’une divinité ou d’une idole, célébration d'un événement …. Beaucoup de légendes entourent ces monuments.
- St Raphaël - Menhir de l'aire de Peyronne (Classé Monument Historique en 1910)
Cette pierre levée de 1m60 de haut environ, s'enfoncerait d'un petit mètre dans la terre. Elle est ornée de plus de deux cents cupules (petits creux) et d'un serpent à tête couronnée sur sa partie haute. Surnommé Pierre Guérisseuse on lui a attribué la collecte d’ondes magnétiques souterraines aux effets bienfaisants.
- St Raphaël - Menhirs des Veyssières (Classés Monument Historique en 1938 pour le nos 1 et 2 et en 1969 pour le no 3)
Il s’agit d’un groupe de 5 menhirs dont seuls 3 ont été découvert dressés : Le menhirs no 1 mesure 1,65 m de haut pour 0,50 m de large. Le menhir no 2, déplacé au Rond Point des Veyssières mesure 2 m de haut pour 0,50 m de large. Ces deux menhirs, Photographiés par Marc L. sont en arkose (grès grossier).
Le menhir no 3, a été déplacé dans la cour du musée archéologique de Saint-Raphaël. Il comporte une gravure serpentiforme surmontée d'une représentation humaine sur l'une de ses faces.
- St Raphaël - Menhirs de Belle Barbe : le défi
En fouillant les inventaires des Mégalithes Varois nous avons découvert la description d’un alignement de menhirs couchés au Col de Belle Barbe. Ils nous ont bien échappés ! Voici le lien source descriptif : http://pons.robert.free.fr/DolmensMenhirs/Les%20Menhirs/Men-BelleBarbe/BelleBarbe.html.
Quel animateur partira le premier à leur recherche et nous mènera à leur découverte ?
- Collobrières - Menhirs de Saint Lambert (Classés Monument Historique en 1988)
Ces deux menhirs, en gneiss taillé, sont les plus hauts du Var (2m82 et 3m15). Leur origine locale s’explique par un affleurement situé à une centaine de mètres au sud du site, et présentant des traces de « plusieurs excavations de la taille des menhirs ». Ils sont distants d’environ 8 m. Le menhir le plus haut a été découvert quelques années après le premier (1886), en position couché et à demi enterré, par le propriétaire du terrain qui l’a redressé.
Selon la légende locale, ces menhirs marqueraient l'entrée d'un souterrain creusé par les moines et conduisant à la Chartreuse de la Verne, pourtant distante d’environ 4 km.
- Les Arcs-sur-Argens - Menhirs des terriers
Découvert en 1993, cet édifice regroupait un ensemble de pierres levées alignées pour former une enceinte : il s’agit donc d’un cromlech. Celui-ci était composé 6 stèles de petites tailles (2 m x 0,15 m) et 3 stèles plus imposantes (3 m x 0,2 m).
Le site a été nettoyé et réaménagé en 2002. Mais les pierres se sont détériorées et des restes de casse et chutes sont visibles lors de nos passages.
- Tourrettes - Menhirs du jas de la Maure
Jack a découvert ce site lors de la reconnaissance de la randonnée Adrech du Bataillon et l'a fait découvert aux randonneurs du G2 en septembre 2018. Il est constitué par deux pierres levées d’environ de 1,30 m de haut. L’une se dresse sans doute à son emplacement d’origine ; la seconde qui gisait à proximité aurait été redressée ce qui aurait occasionné une cassure et lui donne un air penché. Les trous visibles sur les pierres ne seraient pas préhistoriques.
Nous n’avons trouvé trace que d’un seul menhir dans les Alpes Maritimes, celui de Tiecs, situé en pleine forêt, sur la commune de Roure, près de la Chapelle Sainte Anne et de la Tinée. Il nous reste à le découvrir.
LES DOLMENS
Un dolmen (en breton, de dol « table » et men « pierre ») est généralement un monument funéraire : les fouilles y ont retrouvé des restes humains et, souvent un mobilier funéraire varié permettant la datation. Il semble que les dolmens soient devenus des sépultures collectives dans un deuxième temps. Cela signifie que l’on y a pratiqué plusieurs inhumations successives (et non simultanées) au cours d’une période plus ou moins longue. Toutefois certains dolmens ont été découverts vide de tout reste humain, ce qui pourrait laisser penser alors à une sanctuarisation du mégalithe.
Le dolmen est constitué d'une dalle en pierre reposant sur des piliers, appelés orthostates également en pierre. Les formes architecturales sont variées mais possèdent toujours : une chambre funéraire (ou sépulcrale), un couloir d’accès et un tumulus englobant, à l'origine, l’ensemble de la structure et la protégeant. Mais le couloir peut être inexistant, la chambre débouchant directement vers l’extérieur.
Selon Hélène Barge, « l’architecture des dolmens de Var est à base de dalles et de murets en pierres sèches. La plupart des monuments sont des dolmens simples, à petite chambre sépulcrale carrée. Quelques monuments, situés sur la frange côtière sont de type différent : à chambre allongée et antichambre »
Dolmens du Centre Var
- Ampus - Dolmen de Marenq
Découvert en 1922 et restauré en 1990, cet édifice en calcaire a conservé sa volumineuse table de couverture. La chambre sépulcrale, de forme rectangulaire (2 m x1,50 m) est délimitée par deux murs latéraux en pierres sèches, une dalle de chevet et deux piliers (orthostates) qui ouvrent sur un court couloir.
- Draguignan - Dolmen de la Pierre de la Fée (Classé Monument Historique en 1887)
Ce dolmen est un des plus imposants de Provence. Il a été fouillé en 1844 et restauré en 1951 puis après son dynamitage en 1975.
Il est daté du début du chalcolithique (2500/2000 avant JC.) et a été utilisé comme sépulture collective.
Nous observons, dressés verticalement la dalle de chevet et les deux piliers latéraux en calcaire (de 2,20 à 2,40 m de haut) et reposant dessus l'énorme table de couverture ( 6m x 4,7 m x 0,5 m ) d'un poids avoisinant les 20 tonnes.
Ce dolmen est la source de nombreuses légendes, dont celle de la fée Estérelle, qui en fait un lieu de fécondité.
- Les Arcs-sur-Argens – Dolmen des terriers
Découvert à la suite de l'incendie de 1993, il est constitué par des dalles de schiste.
La chambre funéraire est de forme ovoïde (4m x 3m) et s’ouvre comme à l’habitude par un couloir à l’ouest. Il n’y a plus de dalle de couverture.
- Cabasse - Dolmen de la Gastée (Inscrit aux Monuments Historiques en 1988)
Quatre dalles et un muret de pierres sèches circonscrivent la chambre, à peu près carrée et séparée en deux, dans le sens N-S, par une dalle verticale aujourd'hui cassée. La dalle de couverture a été remise en place lors de la restauration.
Le mobilier trouvé a permis une datation au Chalcolithique et les fouilles ont mis en évidence une sépulture multiple sur deux niveaux : l’étude des 1 600 dents indiquerait la présence de 70 à 80 individus.
- Cabasse – Dolmen du Pont Neuf
Ce dolmen, initialement trouvé sur le plateau calcaire dolomitique au-dessus du confluent de l’Issole et de la Caramy, a été déplacé après sa fouille et restauré en 1990.
La chambre sépulcrale n’est pas très grande (1,5 m x 1 m) et s'ouvre à l'ouest par un couloir fermé à son extrémité par une pierre dressée qui a pu être interprétée comme une stèle. Le couloir est borné par un muret en pierres sèches côté nord et par une dalle côté sud. La chambre et le couloir comportent un dallage au sol.
Six ou sept individus furent inhumés dans le dolmen au cours de deux périodes d'utilisation successives : 4 à 5 au Chalcolithique, période d'édification du dolmen et 2 à l’âge de Bronze.
- Figanières – Dolmens de la Cabre d’Or
Il s’agit de deux dolmens distants de 300m, découverts en 1958.
Lors de la randonnée de septembre 2010, un seul a été observé, celui également dénommé dolmen de San Vas. A l'état de ruines, seuls sont visibles deux orthostates et la dalle de chevet, en calcaire.
Dolmen du Var côtier
- La Lande des Maures - Dolmen de Gaoutabry (Inscrit aux Monuments Historiques en 1988)
Ce monument , découvert en 1876 a été daté du Néolithique final et utilisé jusqu'au Chalcolithique récent comme tombe collective (au moins 34 individus). Avec ses 6 à 7 m de long, c'est le plus long du Var. Il est constitué d'une chambre funéraire à peu près rectangulaire, d'une courte antichambre et d'un couloir allongé se rétrécissant vers l'entrée. La dalle de chevet est entourée de deux murets en pierre sèche.
- Ramatuelle – Dolmen de Briande
Fouillé en 1935 et restauré en 1995, il présente une chambre rectangulaire avec une imposante dalle de chevet et une dalle latérale en granit. Les autres dalles, en gneiss, sont séparées par des pierres sèches.
- Roquebrune – Dolmen de l’Agriotier
Découvert en 1978 et daté du Chalcolithique, il a été endommagé par un engin de chantier lors du tracé d’une piste.
La chambre, orientée sud-ouest, est délimitée par cinq dalles reliées par des murets en pierre sèche.
- Dolmen de la Gaillarde (Classé Monument Historique en 1910)
A l’origine il s’agissait d’un groupe de 3 monuments. Mais rien n’arrête la promotion immobilière, qui n’a pas hésité à détruire deux de ces édifices classés, lors de la création d’un lotissement.
Le dolmen sauvé a été restauré en 1990. Il est en schistes et gneiss et présente une chambre (2,5m x 2m) donnant sur un couloir ouvert vers l’ouest. La dalle de couverture est bien trop petite pour être d’origine.
Dolmens du Var oriental et des Alpes Maritimes
Mons - Dolmen de Riens (Inscrit aux Monuments Historiques en 1988)
Cet édifice, restauré en 1990 est en calcaire. Il est constitué de cinq grandes dalles réunies par des murettes en pierres sèches, formant une chambre rectangulaire (2m x 1,5m). Le couloir est fermé par une « porte » ovale entre les deux piliers.
- Mons - Dolmen de la Brainée
C’est un grand dolmen en calcaire qui a été restauré en 1990. La chambre sépulcrale est rectangulaire (2,5mx1,6m) et délimitée par une imposante pierre de chevet et deux dalles dressées latérales. Deux piliers perpendiculaires le séparent du long couloir, ouvert vers l’ouest et constitué d’une dalle et de pierres sèches.
- Mons - Dolmen de la Colle
A un peu moins d'un kilomètre au sud-ouest du dolmen de la Brainée, celui de la Colle est visible dans les restes de pierrailles du tumulus. Il a également été restauré en 1990. C'est un dolmen de petite dimension en calcaire local. La chambre sépulcrale (2,10 m x 1,60 m) est délimitée par deux grands orthostates latéraux et une grande dalle de chevet séparés par une rangée de dallettes. Elle ouvre à l'ouest sur un petit couloir dont il ne demeure qu'une grande dalle (1,70 m de long) au sud-est.
- St Vallier de Thiey – Dolmen de Verdoline
Ce dolmen est l’un des mieux conservés de la région. Il possède encore trois dalles et deux piliers. Le poids de chacune des deux dalles latérales dépasserait 1,2 tonne. La dalle de chevet montre de nombreuses cupules et des croix (christianisation ultérieure).Les fouilles qui ont été entreprises ont permis de mettre à jour des squelettes, en position semi-fléchie, disposés en deux rangées séparées, quelques perles et un objet en bronze.
Pour conclure ce blog je lance un deuxième défi à nos animateurs. En effet, les inventaires indiquent la présence d’un groupe de dolmens à Brignoles. Les photos disponibles révèlent des beaux édifices. Ils sont accessibles dès le déconfinement et je donne un lien donnant toutes les explications utiles.
Quel animateur partira le premier à leur recherche et nous mènera à leur découverte ?
Merci aux animateurs, aux blogueurs et aux photographes, sans qui ce blog n’aurait pas vu le jour.